Formation médicale continue
« Demain, je vais prendre ma retraite. Et j'ai dû attendre ce moment pour entendre dire, dans un débat, que le médecin généraliste joue un rôle essentiel dans la prise en charge des patients âgés. » C'est de la salle qu'est venue la toute dernière intervention du deuxième débat organisé dans le cadre du Forum de gériatrie lors du 2e Symposium Domedica. Le cri du cur d'un médecin généraliste visiblement ravi de ce qu'il avait entendu lors de ce débat sur les filières de soins gériatriques et l'hospitalisation à domicile (HAD) du patient âgé. Durant près de deux heures, les intervenants n'avaient cessé, il est vrai, d'insister sur le « rôle clé » joué par les omnipraticiens dans ce dispositif de soins organisé autour du patient âgé. « Dans une HAD, c'est le généraliste qui est le chef de service. Simplement, s'il a besoin d'un coup de main, nous sommes là pour le lui donner », a souligné le Pr Alain Franco, responsable de l'HAD et du département de médecine gériatrique et communautaire au CHU de Grenoble.
Dans son intervention, le Pr Franco a présenté un bref rappel historique, en soulignant que les premiers dispositifs d'HAD en France ont été créés à la fin des années 1950. Ensuite, le développement a été progressif : 10 structures en 1973, 25 en 1982 et environ 80 aujourd'hui, partagées entre les secteurs public et privé. Ce qui représente un total d'environ 5 000 places selon le Dr Pierre-Jean Cousteix, de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM).
Parmi les avantages de l'HAD, le Pr Franco a cité la réduction de la durée des séjours hospitaliers, des listes d'attente pour une chirurgie programmée et la diminution du coût des soins. « Cela permet aussi une amélioration incontestable de la qualité de vie pour le patient. Un malade en fin de vie, en particulier, est certainement mieux en HAD qu'à l'hôpital », a-t-il souligné.
Mais le Pr Franco a également évoqué certaines « insuffisances virtuelles » de l'HAD. « Dans certains cas, le transfert de la charge des soins ne se fait pas de manière assez étudiée », a-t-il reconnu.
Chef du service de gériatrie du CHU de Montpellier, le Pr Claude Jeandel a ensuite souligné le rôle prépondérant joué par le généraliste au sein de la filière gériatrique. « Le médecin traitant est la pierre angulaire du dispositif. En, effet c'est lui qui, au départ, va procéder à une évaluation minimale pour permettre l'orientation du patient dans la filière de soins. Ensuite, il reste un acteur privilégié de la prise en charge en raison de sa proximité avec le patient, sa très bonne connaissance de son milieu de vie et sa capacité de suivi au long cours. »
Le Pr Jeandel a toutefois reconnu que le généraliste rencontre souvent ces difficultés pour orienter son patient dans la filière gériatrique. « Auparavant, le médecin traitant faisait la démarche d'appeler directement son interlocuteur hospitalier pour faire admettre son malade. Au fil des années, ce lien direct s'est progressivement perdu. Résultat, le malade passe aujourd'hui par des circuits aberrants. » Un avis entièrement partagé par Catherine Darde, directrice de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) du Languedoc-Roussillon. « Aujourd'hui, les généralistes ont de plus en plus de mal à faire hospitaliser les patients âgés de manière programmée, surtout s'il s'agit de patients polypathologiques et fragiles, a-t-elle expliqué. Désormais, les personnes âgées arrivent en hospitalisation par le biais des urgences, ce qui ne permet pas toujours, par la suite, de les orienter de manière très adaptée. Et une fois à l'hôpital, il est souvent difficile d'obtenir leur retour à domicile ou en institution. »
Président de l'association des médecins généralistes des hôpitaux locaux, le Dr Dominique Herault a lui insisté sur la place de ces établissements au sein de la filière gériatrique. « L'hôpital local permet la continuité des soins de la ville vers l'hôpital et de l'hôpital vers la ville », a-t-il expliqué, en ajoutant que le généraliste peut y trouver un soutien précieux. « Dans son exercice quotidien, le généraliste est souvent débordé. Au sein d'un hôpital local, il peut s'appuyer sur toute une équipe soignante, ce qui permet de mieux apprécier certaines situations médicales et humaines complexes. »
2e Symposium Domedica co-organisé par la Société française de gériatrie et de gérontologie et le Collège national des enseignants de gériatrie
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