L'implication du gène MYH dans la transmission héréditaire récessive de la prédisposition aux cancers colo-rectaux, aux adénomes colo-rectaux multiples et aux polyposes adénomateuses classiques vient d'être confirmée par des chercheurs britanniques.
L'an passé, une première étude menée sur une famille galloise avait suggéré que la transmission d'allèles mutés de ce gène était associée au développement d'adénomes colo-rectaux multiples. Le produit du gène MYH est une protéine impliquée dans un des mécanismes de réparation de l'ADN. Les tumeurs développées par les individus porteurs de deux allèles mutés de MYH avaient la particularité de présenter un excès de mutations somatiques de type G:C->A:T dans le gène APC. Ces mutations reflètent un dysfonctionnement des mécanismes de réparation par excision de bases des dommages oxydatifs à l'ADN.
Olivier Sieber et coll. (London Research Institut, Cancer Research UK, Londres) ont poursuivi ce travail en étudiant le profil génétique de 152 malades atteints d'adénomes colo-rectaux multiples (de 3 à 100 lésions adénomateuses détectées) et de 107 sujets souffrant d'une polypose adénomateuse classique familiale (plus de 100 adénomes) chez qui aucune mutation germinale du gène APC n'a pu être identifiée.
Deux allèles mutés
Cette étude leur a permis d'identifier 6 patients parmi ceux présentant des adénomes multiples (4 %) et 8 dans le groupe de ceux atteints d'une polypose (7,5 %) qui portaient deux allèles mutés du gène MYH.
Dans le groupe des sujets atteints d'adénomes multiples, environ un tiers des patients présentant plus de 15 lésions montraient une mutation de MYH bi-allélique. Dans celui des malades souffrant d'une polypose, aucun patient possédant ce profil génétique n'avait une maladie sévère (plus de 1 000 adénomes), mais trois possédaient des lésions extracoliques. Comme cela était le cas lors de l'étude princeps, les tumeurs des sujets porteurs d'une mutation de MYH bi-allélique présentaient toutes les mutations somatiques du gène APC de type G:C->T:A.
Ces résultats indiquent qu'une mutation bi-allélique du gène MYH prédispose à des pathologies moins aiguës que celles développées par la majorité des sujets atteints de polypose adénomateuse classique, mais plus sévères que celles touchant la plupart des malades développant des adénomes colo-rectaux multiples.
Les travaux de Siebers et coll. ne permettent pas d'exclure que la présence d'un seul allèle de MYH muté augmente le risque de développer un cancer colo-rectal. Une étude incluant un plus grand nombre de sujets devra être réalisée pour répondre à cette question.
Enzymes participant à la réparation de l'ADN
En outre, les auteurs ont recherché chez une partie des patients étudiés la présence de mutation dans deux autres gènes codant pour des enzymes participant à la réparation de l'ADN par excision de bases, les gènes OGG1 et MTH1. De manière étrange, ils n'ont pas pu détecter de telles mutations chez les sujets testés, mais ils ne proposent aucune explication à ce phénomène.
En conclusion, Sieber et coll. proposent que, « pour les patients chez qui au moins 15 adénomes colo-rectaux ont été détectés - spécialement si aucune mutation germinale du gène APC n'a pu être identifiée et que l'histoire familiale est compatible avec une transmission récessive de la maladie -, la recherche de mutations du gène MYH devrait permettre d'établir un diagnostic et de calculer le risque de cancer pour les autres membres de la famille. Les soins cliniques proposés aux patients montrant une mutation bi-allélique de MYH devraient être identiques à ceux proposés aux malades souffrant de polypose adénomateuse familiale classique ou atténuée. »
O.M. Sieber et coll., « N. Engl. J. Med. » du 27 février 2003, pp. 791-799.
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