MESSIEURS, remerciez Paul Lichtenstein et ses collaborateurs ! Leurs travaux vous fournissent une excuse scientifique en or pour expliquer pourquoi vous avez encore oublié votre anniversaire de mariage, ou offert un appareil à raclette à votre épouse au lieu d'une indispensable paire de souliers hors de prix. Ce n'est pas de votre faute, c'est génétique ! Vous êtes probablement porteur d'un allèle spécifique du gène du récepteur 1A de la vasopressine.
Ces chercheurs ont en effet démontré que cette particularité biologique aurait tendance à faire des hommes des « mauvais maris », un peu trop distants et pas très impliqués.
L'équipe de scientifiques suédois est partie d'observations faites chez le campagnol. Plus ce petit rongeur libère de vasopressine dans son cerveau lorsqu'il rencontre une partenaire et plus il établira des liens forts avec elle. La présence de certains polymorphismes dans la région génomique codant pour l'un des récepteurs au neuropeptide conduit à l'effet inverse. Lichtenstein et son équipe ont voulu savoir si ce phénomène existait également chez l'espèce humaine.
Un questionnaire standardisé.
Pour ce faire, les chercheurs ont étudié le cas de 552 paires de jumeaux suédois, vivant en couple depuis au moins cinq ans.
Chacun des participants a donné un échantillon d'ADN afin qu'on procède au génotypage de leur gène codant pour le récepteur 1A à la vasopressine. Par ailleurs, chaque homme a rempli un questionnaire visant à évaluer la « qualité de sa relation conjugale ». Ce questionnaire standardisé comporte une vingtaine de questions relatives aux comportements du sujet interrogé vis-à-vis de sa partenaire, à sa proximité avec elle, à sa capacité à partager et à échanger avec elle, et sa perception de la stabilité de leur relation. Les femmes des participants ont également été interrogées.
L'analyse des résultats obtenus révèle que les hommes porteurs de l'allèle RS3 du gène du récepteur 1A à la vasopressine sont ceux qui obtiennent les scores les plus bas au questionnaire. Et les malheureux porteurs homozygotes de la variation ont en moyenne des scores encore inférieurs à ceux qui n'en ont qu'une seule copie.
Si l'excuse d'un défaut génétique pourra servir à certain lors des disputes conjugales, les auteurs insistent sur le fait que, aussi troublants soient les résultats de leur étude, il est impensable que la qualité d'un mari dépende d'un unique gène. Mesdames, oubliez donc l'idée d'un test génétique prénuptial, et ne comptez que sur vous-même pour cette histoire de chaussures hors de prix.
H. Walum et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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