Le cancer bronchique, qui est non à petites cellules dans 80 % des cas, est caractérisé par une mortalité extrêmement élevée : seuls 4 patients sur 10 peuvent espérer survivre au-delà d'un an.
Hormis les campagnes antitabac visant à éradiquer le principal facteur de risque, toutes les avancées permettant un dépistage et un diagnostic précoces avant l'heure des premiers symptômes ainsi qu'à améliorer l'efficacité thérapeutique apparaissent cruciales. Parmi celles-ci, la nouvelle classe des inhibiteurs de l'EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) se révèle particulièrement prometteuse. Il a en effet été démontré que la liaison de l'EGF sur son récepteur entraîne l'activation d'une tyrosine kinase intracellulaire à l'origine d'une cascade d'événements aboutissant à une prolifération cellulaire incontrôlée et également à des phénomènes d'apoptose, d'angiogenèse et de dissémination métastatique. Cela d'autant qu'une surexpression du récepteur de l'EGF a été constatée dans de nombreuses tumeurs, notamment le cancer bronchique.
Blocage de la tyrosine kinase de l'EGFR
Iressa (gefitinib) est la première molécule de la nouvelle classe thérapeutique des inhibiteurs de l'EGFR : son mécanisme d'action repose sur le blocage de la tyrosine kinase de l'EGFR. Approuvé au Japon en juillet 2002 pour le traitement des tumeurs bronchiques non à petites cellules inopérables ou récidivantes, approuvé début mai aux Etats-Unis, Iressa est en attente d'autorisation de mise sur le marché en Europe.
Deux essais de phase II, IDEAL 1 et IDEAL 2, ont montré un bénéfice, en monothérapie per os, chez des patients ayant déjà reçu au moins une chimiothérapie. Chez environ 50 % des malades inclus, une diminution du volume de la tumeur et une stabilisation de celle-ci ont été constatées avec une amélioration symptomatique dans 40 % des cas. Fait notable, cette amélioration est survenue très précocement, dès la deuxième semaine de traitement, retentissant de façon très positive sur la qualité de la vie. De plus, environ un tiers de ces patients, qui recevaient le gefitinib en deuxième ou troisième ligne, et ayant donc un pronostic très sombre, étaient encore en vie à un an.
Une bonne tolérance
Ces deux études ont par ailleurs montré la bonne tolérance de ce traitement, contrairement aux cytotoxiques habituellement employés en chimiothérapie : la majorité des effets secondaires, à tonalité digestive ou cutanée, étaient mineurs et réversibles. Cela a été conforté par les données issues de l'utilisation du produit au Japon où les seuls effets indésirables préoccupants ont été des pneumopathies interstitielles (environ 1 % des plus de 60 000 malades traités), dont la fréquence est par ailleurs élevée chez les patients porteurs de cancers bronchiques.
Par son mode d'action original, sa facilité d'emploi (un comprimé par jour), sa rapidité d'action et sa bonne tolérance, le gefitinib apparaît aujourd'hui comme une option thérapeutique supplémentaire dans le cancer bronchique non à petites cellules. D'autres types de tumeurs pourraient également bénéficier de cette nouvelle approche, qui se démarque radicalement des stratégies classiques anticancéreuses.
D'après une conférence de presse, organisée par AstraZeneca, des Drs Thierry Le Chevalier (Villejuif) et George Blackledge, AstraZeneca) : « New Horizons in Non-Small Cell Lung Cancer Treatment ». Barcelone.
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