UNE ÉTUDE épidémiologique reposant sur la classification internationale a montré que la migraine touchait plus de 20 % des sujets de plus de 18 ans, trois femmes pour un homme. On constate que c'est une maladie handicapante du fait de la fréquence des crises (2 ou 3 par mois chez environ la moitié des patients), de leur intensité, de leur durée (plus de 12 heures dans 77 % des cas), du risque de récurrence (chez 40 % des patients) et du retentissement sur la vie quotidienne, qu'elle soit professionnelle, sociale ou familiale. Malgré tous les efforts déjà accomplis, la migraine est encore largement sous-diagnostiquée, plus d'un tiers des malades n'ayant jamais consulté à ce sujet, se livrant à des automédications antalgiques qui peuvent être source de céphalées chroniques par abus d'antalgiques, souligne le Dr Dominique Valade. Infine, on estime que la moitié des migraineux ne consultent pas et s'automédiquent même s'ils sont nombreux à ne pas être satisfaits des résultats de leur traitement, du fait d'un soulagement insuffisant et/ou d'une mauvaise tolérance.
Des coûts considérables… mais mal répartis.
Si l'automédication peut dans un premier temps réduire le coût de la migraine pour la société au détriment des patients, cela ne veut pas dire que, infine, la société s'y retrouve. En effet, un grand nombre de migraineux consultent alors que leur douleur est parfois très intense, les hospitalisations représentant 28 % du coût global. Comme on l'a dit, certaines de ces hospitalisations sont motivées par la nécessité de sevrer des patients qui surconsomment des antalgiques. Autre dépense excessive selon le Dr Valade : les examens complémentaires, allant parfois jusqu'à l'IRM qui ne se justifie pas devant une migraine typique.
De plus, la mauvaise prise en charge de la migraine induit une perte de productivité importante comme en attestent différentes études américaines ou françaises. Elle génère de 1 à 13 jours d'absentéisme par an et par patient et elle réduit la productivité de plus de 50 % chez environ la moitié de ces patients. On mesure bien moins les répercussions des migraines sur l'absentéisme scolaire, sur la qualité de vie et l'efficacité sociale de toutes les personnes qui ne travaillent pas. Au bout du compte, conclut le Dr Valade, on serait surpris de découvrir l'impact global de la migraine sur le plan purement économique, mais aussi sur la qualité de vie, la réussite professionnelle, l'absentéisme et la perte de productivité représentant plus des trois quarts du coût total.
Pourtant, poursuit le Dr Valade, l'arrivée des triptans a représenté un apport déterminant dans la prise en charge des crises migraineuses, en sachant que les recommandations actuelles proposent d'utiliser en première intention un anti-inflammatoire avant les triptans. Des études ont cependant montré que la prescription stratifiée en fonction de la sévérité du retentissement de la migraine et conduisant à la prescription d'emblée des triptans dans les formes les plus sévères était plus efficace. On peut donc penser que les recommandations évolueront dans ce sens.
L'apport du frovatriptan.
On peut se demander si on a besoin encore aujourd'hui d'un nouveau triptan, six molécules étant déjà commercialisées. A cette question, le Pr Gilles Géraud répond sans hésiter par l'affirmative, du fait des propriétés particulières du frovatriptan. Elles se caractérisent par une très forte affinité et une sélectivité pour les récepteurs 5HT1, les artères cérébrales humaines et par une demi-vie très longue (entre 25 et 26 heures), qui s'explique par la fixation du principe actif sur les hématies. Par ailleurs, le frovatriptan se caractérise par un délai d'action progressive si bien que c'est à 4 heures et non pas à 2 heures, comme pour les triptans d'action rapide, que l'on peut comparer son efficacité à celle des autres triptans (63 % de patients soulagés à 4 heures). Ce délai d'action progressif, la longue durée d'action conduisent le Pr Géraud à privilégier Tigreat dans les migraines dont les crises s'installent progressivement et/ou durent longtemps.
Cette longue durée d'action, qui autorise une prise unique dans la plupart des cas, représente également un atout concernant un problème majeur : la récurrence de la crise traitée. Un sujet d'insatisfaction important et fréquent, cité par plus de 70 % des sujets. Définie comme la réapparition d'une céphalée modérée à sévère après un soulagement initial, la récurrence peut s'observer avec tous les traitements antimigraineux de crises. Cette notion a été particulièrement prise en compte depuis l'avènement des triptans. Le plus faible taux de récurrence sous frovatriptan (17 % versus 23 à 40 % pour les autres triptans) a bien été démontré dans les dossiers d'enregistrement.
Enfin, le frovatriptan se caractérise par un profil de tolérance comparable au placebo, supérieur à celui du sumatriptan, avec notamment la quasi-absence d'effet des triptans (persistance de paresthésie et de douleurs diverses, serrements de gorge, modification du rythme cardiaque…), ce qui peut conduire à utiliser Tigreat chez les patients qui ont mal toléré d'autres triptans.
Conférence de presse des Laboratoires Menarini .
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