Le front des anti-convention passe à l’offensive

Publié le 10/09/2006
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LA TRÊVE ESTIVALE n’a pas calmé les ardeurs des adversaires de la convention, leur volonté d’en découdre et de forcer le gouvernement à remettre à plat le système actuel. Au contraire.

Après les alliances de circonstance inédites de MG-France et de la FMF lors de la constitution des nouveaux bureaux des unions régionales des médecins libéraux (Urml), après les contacts noués cet été entre les différents états majors, les « anti » préparent une offensive plus structurée. Elle pourrait prendre la forme de groupes de travail communs sur de nombreux sujets : convention, fonctionnement des unions, évaluation des pratiques professionnelles, système de santé, rémunération... Une première réunion est prévue à Paris le 21 septembre. Pierre Costes, président de MG-France (31 % des voix dans le collège généraliste) n’en démord pas. Pour lui, les médecins généralistes ont, par leur vote protestataire, «mandaté les organisations syndicales aujourd’hui majoritaires pour organiser une réponse à leurs attentes». Il convient de ne pas les décevoir. Or cette majorité professionnelle n’est selon lui «ni entendue ni prise en compte» par Xavier Bertrand, «atteint du syndrome Berlusconi». Le président de MG-France souhaite donc «aller plus loin dans l’organisation de l’expression du vote» et «au besoin mener ensemble des conflits».

Regrettant également que le ministre de la Santé «ignore le verdict des urnes», le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF, se dit déterminé à construire une «alternative» à la convention actuelle.

Mais avec qui ? Sur quel socle idéologique ? Tout oppose, par exemple, MG-France et la FMF sur la question des tarifs opposables. «Nous n’allons pas bâtir un programme commun ou une plate-forme en vue des élections, ce n’est pas à l’ordre du jour», précise le Dr Régi. Rien n’empêche cependant de travailler et de trouver des terrains de convergence. La volonté de maintenir dans leurs droits les médecins généralistes référents est un premier exemple.

Echéances électorales.

«La simplification administrative ou les relations avec les caisses sont des sujets sur lesquels il y a déjà unanimité», souligne le Dr Claude Bronner. Selon le président d’Espace Généraliste, le rapprochement des opposants à la convention était «implicite dès avant les élections : si les syndicats médicaux veulent se rénover, il est indispensable qu’ils sortent de leur tour d’ivoire et se retrouvent. On nous attend sur le dossier des honoraires. Il nous reviendra de travailler sur de nouveaux modes de rémunération et de parvenir à un consensus à l’aube d’importantes échéances électorales».

Une priorité : la représentativité.

Le rapprochement de circonstance des opposants peut-il déboucher sur des actions concrètes ? Prudent, le Dr Guy-Marie Cousin, président de l’Union collégiale des chirurgiens, médecins et spécialistes français (Uccmsf), reconnaît que le premier objectif de son syndicat est «d’obtenir la représentativité et de ne plus être tenu à l’écart de la vie conventionnelle». «Les alliances auxquelles on a assisté lors de l’élection des bureaux des unions peuvent tenir localement, confie-t-il, mais elles ne devraient pas résister aux discussions conventionnelles.»

Du côté des conventionnistes, on ne croit pas non plus à cet attelage. Le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, ironise volontiers sur le «mariage des carpes et des lapins» et affirme qu’il n’y a «pas de planB».

Quant au Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), il juge que ces organisations ont «des philosophies contradictoires» et qu’elles «font du bruit pour un résultat nul».

Au ministère de la Santé, on exclut toujours fermement, à l’heure actuelle, de renégocier la convention.

ET CHRISTOPHE GATTUSO
> CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8005