Les négociations médecins-caisses sont passées la semaine dernière par une phase informelle, faute d’accord sur la présence des internes dans les délégations. Et devaient reprendre hier jeudi au siège de la CNAMTS avec FMF, MG et Le Bloc seulement. Mardi, le patron de l’UNCAM se montrait néanmoins optimiste sur la perspective que les syndicats de médecins arrivent à s’entendre sur la composition
de leurs délégations. Frédéric Van Roekeghem expliquait d’ailleurs à la presse qu’il maintenait son calendrier, qui prévoit un accord à l’été. Un retard dans la conclusion d’un accord placerait le processus des négos en plein dans le calendrier des présidentielles. Mauvais timing, faisait-il observer en substance.
Arsenal de propositions
Une analyse partagée par ses interlocuteurs syndicaux. Tous ont au moins une volonté commune affichée : signer avant l’été. Et, dans ce contexte, pas question de perdre de temps. Chacun s’est attelé à dégainer son arsenal de propositions. Côté « syndicats majoritaires » comme se plaisent à le rappeler les présidents de la CSMF et du SML, l’alliance des syndicats polycatégoriels remet sur la table ses 13 propositions pour la médecine libérale. Et les Drs Michel Chassang et Christian Jeambrun présenteront, mercredi prochain, leur propre dispositif avec notamment une alternative au CAPI. « Du lourd », promet le président de la Conf’.
De son côté, l’Assurance-maladie n’est pas en reste. Elle a fait jeudi dernier des propositions qui visent notamment à relooker le CAPI (lire notre dossier p. 10), à renforcer les garanties de service offertes aux médecins, à la prise en charge des personnes âgées, à revaloriser les spécialités cliniques et à reprofiler la rémunération du médecin traitant. Sur ce dernier point, la caisse propose de faire passer le forfait pour les patients en ALD de 40 à 23 euros. Mais, en contrepartie, les médecins percevraient 5 euros pour tous leurs autres patients, au lieu de… rien du tout aujourd’hui. La caisse, qui a fait ses comptes, assure qu’une majorité de médecins généralistes serait gagnante à ce chamboule-tout : si 39,5% d’entre eux perdraient en moyenne 809 euros par an, 60,5% gagneraient en moyenne 914 euros annuels.
Des syndicats pas convaincus
La proposition n’a pour l’instant pas été plébiscitée par les syndicats. C’est le moins qu’on puisse dire. « Hors de question de cautionner cette piste qui conduit à opposer médecins gagnants à médecins perdants », a réagi le chef de file de la CSMF. Dans un communiqué, MG-France quant à lui s’est dit
« consterné » par les propositions de l’Assurance-maladie, pointant, notamment, « l’absence d'investissement sur les soins de premier recours, et même la baisse de certains forfaits de base ». En début de semaine, Claude Leicher concédait toutefois que c’était «?un pas vers la création d’un forfait généraliste médecin traitant généralisé?», vieille revendication de MG. La FMF était plus sévère, puisque Jean-Paul Hamon relevait que faire baisser les forfaits d’un nombre non négligeable de MG était «?une curieuse méthode utilisée par la CNAMTS pour inciter les jeunes à choisir la médecine générale?».
Ces négociations se font aussi sous le regard des mutuelles. Frédéric Van Roekeghem juge l’implication de ces dernières indispensables en ce qui concerne le secteur optionnel. Quant à Michel Chassang, il ne veut pas entendre parler d’accords individuels entre médecins et mutuelles. Mais il ne ferme pas la porte. Après Claude Leicher le mois dernier, le président de la CSMF a en effet rencontré Etienne Caniard, le nouveau patron de la Mutualité. Et il en est ressorti, prêt à envisager avec les complémentaires « un accord collectif national à choix optionnel individuel ». Et de vanter «l’intérêt de l’amendement Valérie Boyer » qui propose un cadre pour ce type de conventionnement. Cet amendement devait être discuté mercredi après-midi dans le cadre de la proposition de loi Fourcade. A suivre...
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