Le député UMP Jean Bardet, l'un des rapporteurs de la loi de financement 2003 de la Sécurité sociale, le notait déjà dans son rapport du 24 octobre 2002 présentant ce dernier texte : « Il faut déplorer la mise en place extrêmement lente du FOPIM. » Et de fait, ce fonds de promotion de l'information médicale, prévu par la loi de financement de la Sécurité sociale 2001, n'est pas encore vraiment en mesure, plus d'un an et demi après l'annonce de sa création, de communiquer sur son action ni sur ses projets.
Le décret paru au « Journal officiel » du 21 novembre 2001, qui l'installe officiellement, précise que « le FOPIM a pour mission de fournir une information objective aux professionnels de santé sur les produits de santé admis au remboursement ». En clair sur les médicaments. « Une information d'Etat », ont commenté dès l'annonce de cette création des industriels et des politiques, alors dans l'opposition, aujourd'hui dans la majorité.
Cet organisme, précise encore le texte, « vise en particulier à mettre à la disposition des professionnels de santé une information en matière de stratégie thérapeutique et de prescription médicamenteuse sous une forme adaptée à leurs besoins ».
Ainsi le FOPIM est-il chargé de proposer une alternative à l'information délivrée par les laboratoires pharmaceutiques, par l'intermédiaire notamment de la visite médicale.
Pour ce faire, le FOPIM dispose de moyens financiers non négligeables. Dix pour cent du produit de la taxe sur la promotion pharmaceutique lui sont attribués chaque année, ce qui devrait constituer pour l'année 2003 la somme d'environ 20 millions d'euros, ce qui n'est tout de même pas rien. On peut donc dire que le FOPIM est indirectement financé par l'industrie pharmaceutique, ce que certains digèrent d'ailleurs mal dans le milieu du médicament.
Le FOPIM dispose également d'une structure et d'un organigramme : géré par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), il est composé d'un comité d'orientation « chargé de définir les thèmes prioritaires des actions du fonds (...) , et de voter le budget annuel du fonds ». Ce comité d'orientation est lui-même composé du directeur général de la Santé, des directeurs de la Sécurité sociale, de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins, de la CNAM, de la CANAM, de la MSA, de l'AFSSAPS, et enfin de trois personnalités qualifiées : la journaliste Martine Allain-Regnault, le Dr Richard Bouton, ancien président de MG-France, et le Dr Philippe Bonet, président de l'Union nationale des associations de formation médicale continue (UNAFORMEC).
Le FOPIM est également doté d'une équipe de gestionnaires venant de l'AFSSAPS, et enfin d'un groupe confraternel « composé de douze médecins ou pharmaciens, dont au moins la moitié exerce une activité libérale à titre principal, et qui a pour mission de donner un avis sur les actions d'informations financées par le FOPIM ».
Un appel à projets
A l'automne dernier, le FOPIM faisait paraître dans « le Quotidien » du 21 novembre un appel à projets en direction de revues médicales et pharmaceutiques « visant à promouvoir, grâce à un support financier, des revues pharmaceutiques et médicales contribuant à l'information des professionnels de santé sur le médicament et les autres produits de santé ». Une manière de publier « des informations officielles », d'Etat, répètent certains.
Sur le site Internet de l'AFSSAPS (1), est disponible en ligne un « guide du demandeur » destiné à aider dans leurs démarches ceux qui souhaitent faire acte de candidature pour la réalisation de ces revues. Il y est précisé que « le budget total alloué pour cette action est au maximum de 500 000 euros ». Par ailleurs, le FOPIM est en cours de recrutement : toujours sur le site Internet de l'AFSSAPS, le FOPIM indique qu'il recrute six collaborateurs(trices) pour les postes suivants : un chargé de communication, un chargé de projet, un chargé du site Internet, un rédacteur scientifique, un responsable du pôle opérations, un responsable du pôle rédaction. Tous les postes à pourvoir dépendent de la direction des Etudes médico-économiques et de l'information scientifique.
Un train de sénateur
Le FOPIM, dans son calendrier prévisionnel 2003, avait indiqué que les projets de revues médicales présélectionnés seraient présentés au comité d'orientation pour validation courant mars 2003. Mais, interrogé par « Le Quotidien », le service de presse du FOPIM a reconnu que « la procédure suivie pour l'appel à projets reste inchangée, mais le calendrier a un peu coulissé. Les experts se sont réunis à la mi-avril au lieu de mars, et une synthèse d'évaluation sera soumise au prochain comité d'orientation vers la mi-mai ». C'est-à-dire dans les tout prochains jours. Une simple précision que « Le Quotidien » a eu du mal à obtenir et qui semble indiquer qu'en ce domaine également les dossiers évoluent à un train de sénateur.
En 2001, Bernard Kouchner, alors ministre délégué à la Santé, avait souhaité que la première action du FOPIM soit de mettre sur pied une campagne sur le bon usage des antibiotiques... Au début du mois d'octobre dernier, l'assurance-maladie lançait une campagne d'information sur les antibiotiques intitulée « les antibiotiques, c'est pas automatique », sans le FOPIM...
(1) : www.agmed.sante.gouv.fr
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