Le foetus entend des voix

LE TEMPS DE LA MEDECINE

Le foetus entend la voix de sa mère par l'extérieur et par l'intérieur. Comme la transmission osseuse est rapide et de bonne qualité, la voix de la mère est perçue deux fois plus intensément que celle du père ou d'autres personnes, explique le Pr Jean-Pierre Relier (ancien chef du service de médecine néonatale à l'hôpital de Port-Royal, Paris), qui a beaucoup travaillé sur les interactions mère-fœtus.
La voix maternelle parlée à un niveau externe de 60 décibels est perçue à 24 décibels, alors qu'une autre voix féminine ou masculine parlée au même niveau n'émerge qu'à 8-12 décibels. On peut étudier les réactions fœtales témoignant d'une émotion : changements brusques de position, modifications du rythme cardiaque, mouvements des membres ou de la tête.
Après la naissance, on utilise la méthode de la succion non nutritive (on met une tétine dans la bouche de l'enfant et on étudie son émotion en fonction de l'intensité et de la fréquence de la succion). Cela a aidé à montrer que le fœtus perçoit plus facilement les fréquences basses, les sons étant d'autant plus amortis par l'environnement où il se trouve (liquide amniotique, muscle utérin) que les fréquences sont élevées.
« Plus que les sons, c'est la tonalité de la voix qui le fait réagir », indique le Pr Relier. A Port-Royal, des observations ont permis de le vérifier chez les prématurés : ils réagissent lorsque la mère s'adresse à eux, mais pas si elle parle à l'infirmière ou au médecin.
Le nouveau-né reconnaît la voix de sa mère parmi dix voix féminines racontant la même histoire (travaux de Marie-Claire Busnel).

Faire chanter les futurs parents.

Marie-Louise Aucher, pour sa part, a travaillé au développement du chant prénatal. Elle insiste dans ses ouvrages sur l'intérêt de faire chanter la mère et si possible aussi le père pendant la grossesse. Le chant a une action sur le développement physique du corps du bébé et sur son bien-être. Selon Marie-Louise Aucher, le chant de soprano développe plus particulièrement la partie supérieure du corps et le chant de basse la partie inférieure.
« Longtemps, on s'est imaginé que le fœtus à l'abri dans le ventre maternel ne percevait pas grand chose », rappelle M. Relier. Jusqu'à ce que des travaux sur les organes sensoriels in utero fassent découvrir la mise en place des structures de perception au cours du développement. Dès la 8-9e semaine, la perception chimique (goût et odorat) est présente (travaux du Français Benoist Schaal). L'enfant est alors sensible aux endorphines et capable de percevoir les émotions de la mère. Ensuite apparaissent les sensorialités cutanées, puis vestibulaires et en dernier, l'audition, vers 10 semaines de grossesse (études par les Français Le Canuet, Pujol et Uziel).

On peut lire les ouvrages du Pr Jean-Pierre Relier traitant des interactions mère-fœtus : « L'aimer avant qu'il naisse », collection « Réponses », chez Robert Laffont, et « Adrien ou la colère des bébés », collection « Aider la vie , chez Robert Laffont.