> Cinéma
JULIEN, son fils, est mort. Anne-Marie, la mère de celui-ci, sa première femme, est morte aussi. Ils revivent, et ne meurent pas, dans « L'un reste, l'autre part », sous les traits de Nicolas Lebovici et Miou-Miou. Claude Berri a nourri de sa vie un grand nombre de ses films : « le Vieil Homme et l'enfant », « Mazel Tov ou le mariage », « le Pistonné », « le Cinéma de papa » ou encore « la Débandade ». Il n'est pas le premier ni le dernier créateur à ce faire et de malheurs intimes sont nés bien des chefs-d'œuvre.
Cette fois, c'est d'une grande douleur et d'un grand bonheur qu'il tire matière à film, après les avoir évoqués dans « Autoportrait », livre publié en 2003 au sortir d'une grave dépression : la rencontre de sa nouvelle compagne, Nathalie Rheims, le jour où il apprend que son fils ne pourra plus marcher. Dans « L'un reste, l'autre part », le héros n'est pas cinéaste et s'appelle Daniel, et les noms des vivants sont changés. Seuls les proches savent le poids de souffrance de ces images et peuvent reprocher à Berri de les avoir tournées, comme l'actrice Marianne Denicourt peut reprocher à Arnaud Desplechin, avec qui elle a vécu, d'avoir dévoilé une part tragique de sa vie dans « Rois et Reine ».
Mais on peut faire comme si on ne savait rien et comme si c'était une pure fiction. D'autant que le personnage tragique, Daniel, est contrebalancé par un autre comique, Alain, chez qui l'adultère est du côté du théâtre de boulevard. C'est lui auquel Berri prête une dépression. « Ils sont les deux facettes d'un même personnage », avoue-t-il.
Daniel Auteuil, que Berri avait dirigé dans « Jean de Florette , « Manon des sources » et « Lucie Aubrac », est donc le double du cinéaste. Un poids très lourd à porter, dont il se sort plutôt bien, mais sans la finesse ou l'ambiguïté que d'autres rôles ou réalisateurs (Téchiné, par exemple) lui ont offerts. Pierre Arditi a sans doute été choisi pour faire de l'Arditi, et il le fait bien. Côté féminin, Charlotte Gainsbourg a le beau rôle, bien sûr, et est émouvante, tandis que Nathalie Baye n'est guère gâtée par son personnage de bourgeoise qui ne s'intéresse qu'à son époux.
Bref, difficile de dissocier le film de ce que l'on sait de son auteur. Mais c'est aussi ce qui fait son prix, au-delà de banales histoires de couples usés par le temps, d'hommes à la recherche d'autres expériences.
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