LE TDAH est le trouble du comportement le plus fréquent chez l'enfant d'âge scolaire (5-10 % d'entre eux). Il est fréquemment associé à un syndrome des jambes sans repos (environ 30 % des enfants souffrant de TDAH contre 3 % chez les enfants dans la population générale).
On s'interroge sur l'implication d'un manque de fer dans la pathogénie du TDAH. Il existe un certain nombre d'arguments en faveur d'un déséquilibre entre les systèmes dopaminergique et noradrénergique qui expliqueraient la physiopathologie du TDAH et qui font supposer que le stock de fer contenu par le cerveau pourrait influer sur les fonctions dépendantes des monoamines, qui sont altérées dans le TDAH.
Le groupe d'Eric Konofal a dosé la ferritine sérique dans un groupe d'enfants souffrant de TDAH. Ce paramètre a été trouvé < 0,30 ng/ml chez 84 % de ces enfants, comparativement à 18 % des témoins (p < 0,001 ; « le Quotidien » du 10 décembre 2004). Ces enfants n'avaient pas d'anémie. En outre, des études ont montré qu'un déficit en fer est corrélé à la sévérité du TDAH et au syndrome des jambes sans repos chez l'adulte.
Un taux d'hémoglobine normal à l'entrée.
Eric Konofal et coll. ont réalisé une étude pilote chez un petit groupe d'enfants à l'hôpital Robert-Debré sous la forme d'un travail en double aveugle contre placebo. Le groupe est formé de 23 enfants âgés de 5 à 8 ans, non anémiques, présentant un TDAH selon les critères du DSM-IV. Tous les enfants de l'étude avaient un taux d'hémoglobine normal. Ce qui suggère que c'est le taux bas de ferritine, et non l'anémie, qui pourrait être associé au TDAH. Ils ont été tirés au sort pour être placés soit dans le groupe supplémenté en fer, à raison de 80 mg/j de sulfate ferreux (Tardyféron, n = 18), soit un placebo (n = 5).
Après douze semaines de supplémentation, il y a une réduction significative des scores à la cotation par l'échelle de sévérité du TDAH (- 110 ± 13,9 ; p < 0,55), tout comme à la cotation par la CGI ou échelle globale d'impression clinique (p < 0,01). Les améliorations à deux autres échelles de cotation, qui sont les échelles de Conners évaluant des situations à la maison et à l'école, montrent des améliorations sensibles de l'état des enfants, intéressantes étant donné le nombre réduit de sujets inclus (respectivement p < 0,055 et p < 0,076).
«C'est à notre connaissance la première étude en double aveugle explorant le sulfate ferreux dans cette indication», soulignent les auteurs, qui ont le projet de réaliser, avec Daniel Picchietti (spécialiste américain du syndrome des jambes sans repos chez l'enfant), une étude clinique internationale montrant l'efficacité de la supplémentation martiale dans le SJSR et le TDAH chez des enfants atteints d'un déficit en ferritine sérique.
Le dosage de la ferritine sérique.
D'ores et déjà, un dosage de la ferritine sérique pourrait faire partie du bilan clinique d'un enfant souffrant d'un TDAH, indique le Dr Konofal au « Quotidien ». Il est toujours intéressant de donner une supplémentation en fer à un enfant qui en manque. Il ne faut pas avoir peur du fer, poursuit-il, car on sait qu'il y a un marqueur qui peut être utilisé, le récepteur soluble de la transferrine : si on donne trop de fer, le transporteur diminue et protège le cerveau.
D'après un entretien avec le Dr Konofal.
Publication dans « Pediatric Neurology », 2008, vol. 38, n° 1. En ligne le 3 décembre 2007.
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