« Grippe porcine », « Grippe mexicaine », « Nouvelle grippe », « Grippe A/H1N1 »… Drôle de pandémie que celle provoquée par cette nouvelle souche virale, dont on hésite presque à prononcer le nom, faute sans doute d’être assuré de la cerner complètement. De jour en jour, elle prend la forme d’un feuilleton à rebondissements dont on ignore tout de la suite : les épisodes à venir et bien entendu l’épilogue. De fait, la crise sanitaire que nous connaissons depuis quinze jours a ceci de commun avec la crise économique qui sévit depuis octobre : les meilleurs experts sont incapables de nous dire quand et comment elle se terminera. Un jour, les nouvelles sont plutôt rassurantes : le virus est très contagieux, mais pas si virulent ; le lendemain, il faut s’attendre au pire : la « seconde vague » de l’automne serait dévastatrice…
Alors, s’est-on affolé trop vite ? Et à l’inverse, est-on prêt pour parer à une épidémie qui toucherait simultanément 20 millions de personnes dans l’Hexagone ? La France -on l’a dit et répété- serait l’un des pays les mieux préparés au monde. Dans ce domaine, il faut pourtant se méfier de l’autocongratulation. Roselyne Bachelot le sait bien, présente sur tous les fronts, le matin dans les médias ou les hôpitaux pour délivrer conseils, analyse et directives, l’après-midi avec les syndicats pour sauver l’essentiel de sa réforme « HPST ». A l’heure où l’on dit les membres du gouvernement inquiets pour leur portefeuille, nourrie du précédent de la canicule, elle sait bien que les crises sanitaires broient les ministres, plus sûrement que les réformes qu’ils portent.
Il y a pourtant un point sur lequel les pouvoirs publics pourraient s’agiter davantage : le lien avec les médecins de ville, maillon faible du plan pandémie. Où sont les masques ? Comment et où se procurer son kit grippe ? A quel stade, l’épidémie passera du CHU aux MG ? Quelle attitude adopter alors, puisque plus une officine ne dispose de médicaments anti-viraux ? Et, puisqu’on appelle la population à rester chez elle en cas de symptômes, quels moyens sont prévus pour que les « fantassins » de la médecine soient équipés et correctement assurés ? A la ministre qui les recevait mardi, vos syndicats ont fait part de ces interrogations. Questions toutes bêtes, à laquelle on n’avait pas trop pensé jusque-là. Pourtant, si l’on est en droit d’espérer un vaccin pour l’automne, il faudra bien que l’intendance suive en cas de mutation du virus… Car ce sont pas les réquisitions qui font une politique de santé.
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