J E crois que l'on ne s'étonne pas assez du miraculeux équilibre de notre sang qui, dans les conditions normales, nous permet d'échapper à deux dangers inverses, l'hémorragie et la thrombose. C'est à mieux comprendre cet équilibre que s'attachent les 7 000 médecins et chercheurs, spécialistes de l'hémostase, qui se réunissent à Paris.
Parmi les travaux qui seront présentés, ceux de mes équipes à l'unité 143 de l'INSERM, à l'hôpital de Bicêtre, sont orientés vers l'étude d'un des facteurs clés dans ce jeu subtil, le facteur Willebrand. Choix extrêmement fructueux car nous avons pu clarifier les fonctions de cette protéine multimérique de grande taille, fonctions très particulières puisqu'elles concernent à la fois l'hémostase primaire (adhésion des plaquettes à la paroi vasculaire lésée, agrégation de plaquettes entre elles) et la coagulation (transport du facteur VIII, déficitaire dans l'hémophilie A).
Des progrès des chercheurs de mon unité ont permis une bien meilleure compréhension du gène du facteur Willebrand et de ses mutations au cours de la maladie de même nom, qui comporte de nombreux variants moléculaires et représente l'affection hémorragique constitutionnelle la plus fréquente. L'une des causes principales des hémorragies est le déficit en multimères de haut poids moléculaire du facteur Willebrand.
Récemment, un mécanisme inverse, l'excès de ces multimères, a été reconnu comme responsable d'une affection grave, le purpura thrombotique thrombocytopénique, le corollaire étant l'effet bénéfique de l'administration de plasma, source de protéase spécifique du facteur Willebrand qui réduit le taux de multimères de haut poids moléculaire.
Ainsi en prenant pour modèles deux maladies exemplaires, nous avons pu observer comment les anomalies des multimères du facteur Willebrand peuvent être sources d'hémorragies ou, à l'inverse, de thromboses.
L'équilibre entre hémorragies et thromboses demeure une passionnante énigme et différentes approches du facteur Willebrand, en cours d'étude, feront l'objet de présentations et de discussions lors du congrès : par exemple, nouvel éclairage de la physiologie de l'hémostase par la détection de variants inédits de maladie de Willebrand, étude de la distribution spatiale de domaines fonctionnels de la protéine anormale, recherche d'autres affections thrombotiques liées à un excès de multimères du facteur Willebrand, enfin purification de la protéase, précieuse du point de vue physiopathologique et thérapeutique.
Le facteur Willebrand entre thrombose et hémostase
Publié le 04/07/2001
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Article réservé aux abonnés
Pr Dominique MEYER
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : lequotidiendumedecin.fr: 6951
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature