LES 1 287 ÉTUDIANTS inscrits en PCEM1 à la faculté de médecine de Grenoble n'ont pas besoin de se bousculer pour trouver une place dans les amphithéâtres.
Pour la troisième année consécutive, les 520 heures de cours sont en effet disponibles en DVD.
Associée à des travaux dirigés et à douze séances de tutorat avec des étudiants de 3e année, cette nouvelle pédagogie fait de la faculté de médecine de Grenoble un berceau de l'enseignement high-tech.
90 % de satisfaits.
D'abord regardée d'un oeil méfiant par certains observateurs, l'initiative attise aujourd'hui les convoitises. Deux ans après sa mise en place, la faculté vient de réaliser un premier bilan de cette action. Celui-ci montre que 90 % des étudiants sont satisfaits du système. Surtout, la nouvelle méthode pédagogique a permis à deux fois plus d'étudiants des catégories socioprofessionnelles (CSP) modestes (artisans, ouvriers, agriculteurs) de réussir le concours de première année. En 2008, 18,3 % des étudiants admis en 2e année étaient des étudiants d'origine modeste contre seulement 8 % en 2006 avant la réforme. «On voyait que les prépas privées occupaient tout le terrain et qu'il nous fallait revenir dans le jeu, commente le Dr Bernard Sèle, doyen de Grenoble. Nousn'avions pas conscience à quel point la situation s'était dégradée en PCEM1 et était devenue terriblement inégalitaire. » Ces prépas privées, «véritables boîtes noires sur leur méthode et leur coût», connaîtraient une baisse de fréquentation à Grenoble.
Le système informatique et les séances de tutorat organisées par la faculté auraient ainsi renforcé l'égalité des chances entre les étudiants.
Plus de primants reçus.
L'étude réalisée par la faculté et la société Med@tice montre que, parmi les étudiants classés dans les 169 premières places du numerus clausus, 96 % ont suivi de dix à douze séances de tutorat. Les étudiants qui ont suivi de dix à douze séances ont sans surprise davantage réussi le concours que les autres – 22 % contre un taux de réussite moyen de 13,4 %. La nouvelle pédagogie a par ailleurs permis aux étudiants primants d'avoir de meilleurs résultats. Lors des douze concours blancs de tutorat organisés tout au long de l'année, les étudiants primants sont de plus en plus nombreux à s'être classés dans les 169 premières places, passant de 12 % après le premier concours à 48,2 % après la dernière. Au final, 44,4 % des étudiants qui ont réussi le concours l'an dernier étaient des primants.
Pour le Pr Sèle, l'initiative est un franc succès. «Des gens pensaient que l'on allait dans le mur, mais on nous regarde maintenant avec considération, commente-t-il. Au début, les étudiants et les enseignants n'étaient pas favorables à ce système, mais les choses ont changé. Pour la première fois, la rentrée s'est passée dans la sérénité.»
Cevdet Ozcelik, président de la corporation étudiante de Grenoble (AEMG), reconnaît que la réforme est acceptée. «Nous avions peur, confie-t-il, mais une fois que le dispositif a été lancé, il y a finalement eu assez peu de problèmes.» L'étudiant souligne que l'initiative a aussi eu une conséquence sur les cours des professeurs, disponibles sur Powerpoint et «plus faciles à suivre».
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