L E Dr Gilbert Tordjemann, 71 ans, sexologue de réputation internationale, a comparu la semaine dernière devant la section disciplinaire du Conseil national de l'Ordre des médecins, en appel et à huis clos, à la suite de la plainte d'une de ses patientes.
S. P., qui l'avait consulté en 1999, fait état d'attouchements sexuels sous hypnose et a porté plainte auprès de l'Ordre départemental de Paris ainsi que devant la justice. En octobre 2000, le conseil régional d'Ile-de-France a infligé au praticien un blâme, non pas sur les éventuels abus sexuels, mais pour violation du secret médical (pour avoir évoqué le cas avec son épouse qui, plaide-t-il, est sa cothérapeute) et défaut d'information (pour n'avoir pas expliqué à sa patiente les gestes qu'il allait entreprendre).
Mais l'Ordre départemental et le ministère de la Santé, où un mémoire évoquant six témoignages a été rédigé, ont souhaité que l'affaire soit examinée par l'Ordre national. Pour sa part, le Dr Tordjemann se défend de tout comportement répréhensible.
L'Ordre national ne devrait pas se prononcer avant un mois, comme il est d'usage. Du côté de la justice, la juge Marie-Christine Devidal instruit la plainte de S. P. et devait entendre d'autres patientes qui estiment avoir été victimes de gestes déplacés.
L'Association nationale contre les abus sexuels commis par les professionnels de santé (ANCAS), fondée en 1998, et qui réunit notamment des plaignantes, entend poursuivre son action de défense et d'information.
Entre geste diagnostique ou thérapeutique et geste sexuel - ou interprété comme tel - la limite peut être difficile à tracer. L'Ordre en est conscient, qui, via un rapport du Pr Bernard Hoerni intitulé « Pratique médicale et sexualité » (« le Quotidien » du 26 janvier), a émis des recommandations valables pour tous les médecins. Le Syndicat national des médecins sexologues, que préside le Dr Frédérique Hédon, se préoccupe de même de préciser pour les médecins et surtout les patients ce qui est acceptable et qui ne l'est pas. Le syndicat a mis en place une commission d'éthique, avec des représentants des sociétés savantes, de l'Ordre et peut-être du ministère de la Santé, qui se réunira pour la première fois à la fin du mois, à l'occasion du Congrès mondial de sexologie ; elle sera chargée d'élaborer une charte ainsi que des recommandations pratiques pour médecins et patients.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature