Le Dr Bernard Pommey vient d'être élu président par intérim de la Fédération des médecins de France (FMF) à la suite du décès brutal, la semaine dernière, du Dr Jean Gras.
Le Dr Pommey était jusqu'à présent vice-président de la FMF et président de la branche spécialistes de ce syndicat. Il assume les fonctions de président jusqu'au prochain conseil d'administration, prévu pour le 9 mars, et qui devra élire un nouveau bureau et un nouveau président.
Quel qu'il soit, le futur président de la Fédération n'aura pas la tâche facile. Il devra avant tout tenter d'arrêter la perte d'influence du syndicat. Créée dans les années soixante, notamment pour s'opposer à la CSMF jugée alors trop favorable au système conventionnel, la FMF a tenu, de longues années durant, un rôle essentiel dans le monde médical. Elle a été, jusqu'aux début des années quatre-vingt, l'un des deux seuls syndicats de praticiens libéraux représentatifs et pouvait, à ce titre, négocier avec l'assurance-maladie. C'est elle qui, en 1980, a été à l'origine de la création du secteur honoraires libres (secteur II).
Mais, depuis, d'autres syndicats (le Syndicat des médecins libéraux et MG-France) sont apparus et l'audience de la Fédération des médecins de France n'a cessé de décliner, bien qu'elle soit encore fortement implantée dans certaines régions. Elle a obtenu 5,94 % des suffrages aux dernières élections professionnelles organisées en 2000 (contre 8,07 % lors du scrutin de 1994), ce qui la place loin derrière la CSMF, le SML et MG-France. L'érosion de son audience est surtout sensible chez les spécialistes où elle a pâti de la création de l'Union collégiale des chirurgiens et des spécialistes français (UCCSF).
En perte d'audience, la FMF se retrouve aussi relativement isolée. Après avoir participé au premier travaux du G7, groupe de réflexion rassemblant quatre syndicats salariés (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) et deux autres syndicats de médecins (la CSMF et le SML), la FMF a pris ses distances avec cette instance. Et a notamment refusé, après un vif débat interne, de cautionner la disparition du secteur à honoraires libres préconisée par le premier rapport du G7. Si elle soutient le mouvement de protestation actuel des médecins et appelle ses adhérents à faire la grève des gardes de nuit et de week-end, à ne plus télétransmettre les feuilles de soins électroniques et à appliquer le droit à dépassement d'honoraires pour exigence particulière du patient (DE), elle se distingue de la CSMF et du SML en insistant sur la nécessité de supprimer le « tarif d'autorité » (tarif particulièrement dérisoire auquel sont remboursés les actes des praticiens non conventionnés). Formuler une telle exigence revient de facto à réclamer la liberté des honoraires pour tous les médecins qui le souhaitent. Ce qui est, pour la FMF, une manière d'être fidèle à ses origines et à son combat pour le secteur II.
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