POUR LE Dr PIERRE SOUVET, cardiologue à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, les journées comptent nécessairement plus de 24 heures. Marié, père de deux enfants, il doit concilier une activité de médecin à plein-temps entre cabinet en ville et clinique de Marignane, et un engagement militant important.
Depuis 2006, en effet, avec un groupe de médecins, il a créé l'Association santé, environnement Provence (ASEP), qui constitue aujourd'hui le plus grand rassemblement de professionnels de santé de France dans le domaine.
Président de l'ASEP, le Dr Souvet y consacre trois heures par jour. «Certains ne voient pas bien le rapport entre la cardiologie et l'environnement, mais, en vingt ans de pratique, nous sommes nombreux à faire le constat tous les jours de l'augmentation de certains cancers, de maladies respiratoires, de gênes olfactives, de picotements des yeux. On ne peut pas rester les bras ballants.»
En 1985, tout jeune médecin, il pense plutôt à se faire une place et à rentabiliser son activité. Mais Vitrolles et sa région sont particulièrement exposées aux rejets toxiques. «Il suffit de lever les yeux, de discuter avec les patients, avec les confrères, pour se poser des questions, établir des liens pour penser que tous ces rejets chimiques et pollutions ne peuvent pas rester sans incidence sur la santé. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester simple spectateur de tout ça et que je voulais être acteur de la prévention.»
C'est après une projection du film d'Al Gore – qui n'était pas encore prix Nobel de la paix –, dans une soirée entre médecins, que germe l'idée d'un investissement supplémentaire avec la création de l'ASEP. «On ne peut concevoir son métier que de manière globale, citoyenne. On ne peut pas se contenter de dire à un patient “ Vous avez un cancer, je vais vous soigner ”. Je crois qu'on doit aussi agir en prévention, selon la devise “ Etre en bonne santé le plus longtemps possible ” . Pour ça, les gensadhèrent tout de suite .»
Les conférences font salle comble.
Tous les soirs, cet homme de 50 ans à l'allure juvénile étudie ses dossiers. Hydrocarbures, pesticides, ondes électromagnéti-ques… : «J'apprends pour ne pas dire n'importe quoi dans les conférences et chacun dans l'association fait de même.»
Les conférences proposées font salle comble. Médecins et patients se retrouvent pour échanger et prendre des mesures. «A Aix, par exemple, nous avons réuni récemment 500personnes au palais des Congrès avec des élus et l'association Ressources, sur “l'homme malade de son environnement” , avec le DrHalimi et le PrMouysset, cancérologue. Nous avons lancé une pétition pour qu'il n'y ait plus de pesticides dans les jardins publics, l'introduction du bio dans les cantines et la réduction des pollutions urbaines dans les crèches et les cantines. Et ça marche: depuis quelques jours, les espaces verts aixois n'utilisent plus de pesticides.»
La pression s'accentue aussi autour des antennes relais ou encore contre l'incinérateur prévu à Fos. L'association a organisé une conférence de presse pour proposer un moratoire sur l'incinération et ses risques potentiels pour la population déjà grandement exposée dans cette région.
L'activité de lobbying reste très importante, comme elle le fut pour qu'on puisse entendre des médecins lors du Grenelle de l'environnement au départ. «Grâce à la pression de notre association au sein d'un collectif national, du Conseil de l'Ordre des médecins, des soutiens de l'Appel de Paris et des syndicats médicaux, nous avons pu exposer nos propositions établies en commun lors d'une réunion informelle et visant à permettre une diminution des agressions environnementales, source de pathologies graves.» Le Dr Souvet martèle qu'il veut informer pour sensibiliser. Sa mission et celle de son association ne font que commencer.
Contact : asep.santeenvironnement.fr.
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