Demain reprend, avec une semaine de retard, la négociation sur la réduction du temps de travail (RTT) des médecins hospitaliers. Qu'attendez-vous de cette réunion ?
Dr PIERRE FARAGGI
C'est un test. Nous allons savoir si nos interlocuteurs ministériels ont l'intention d'avancer ou bien de continuer à se moquer des praticiens hospitaliers (PH). Les dernières propositions qui nous ont été faites étaient en retrait par rapport à celles qui, en juillet, nous avaient conduits à quitter les négociations. Nous sommes à la fois désappointés et très en colère. Nous attendons du gouvernement des propositions cohérentes, qui tiennent compte de la réalité des hôpitaux et de l'état de la démographie médicale hospitalière.
Ils sont fortement mobilisés. Je pense même qu'ils auront une réaction très violente si le gouvernement ne leur fait pas rapidement des propositions raisonnables. Pour les cadres de direction de l'hôpital, les 35 heures se soldent par vingt jours de congés supplémentaires et on en propose dix aux PH ! Ce n'est pas sérieux. Les médecins travaillent de manière très contraignante, avec de lourdes charges de travail.
RTT et démographie médicale sont en effet complètement liées. C'est, entre autres, à cause de la politique calamiteuse qui a été menée en matière de démographie médicale que les professionnels savent bien qu'ils ne travailleront jamais 35 heures. Cela étant, il faut traiter chacune de ces questions séparément. Pour la RTT, il convient de s'occuper de la charge de travail normale (en la bornant à 46 heures), de l'organisation des gardes, de toutes ces données qui relèvent du code du travail. Au-delà, il va falloir imaginer un dispositif qui, pendant les dix ou quinze années où la pénurie médicale durera, prévoira des compensations pour les médecins qui dépasseront l'amplitude de travail maximale arrêtée, sous forme de temps différé ou d'heures supplémentaires payées comme telles. De manière concomitante, il s'agit maintenant de passer à l'acte pour faire revenir - et pour faire rester - les médecins à l'hôpital public. On ne peut plus se contenter de déclarations d'intention ou de rapports de la direction générale de la Santé. Le gouvernement nous propose de créer 3 500 postes de PH pour accompagner les 35 heures, mais il y a déjà à l'hôpital un océan de postes vacants. Cet affichage est scandaleusement démagogique.
Nous voulons que, sur la base d'une activité forfaitaire de dix demi-journées de travail, les PH obtiennent 23 jours de congés supplémentaires, qu'ils prendront au choix sous forme de congé ou de compte épargne temps, ou pour lesquels ils seront rémunérés. Nous défendons ensuite l'intégration des gardes dans le temps de travail - le gouvernement est d'accord. Cela suppose à notre sens la rémunération des gardes en heures supplémentaires, ce que le gouvernement refuse de faire. Derrière nos revendications, la qualité des soins est en jeu. Jusqu'à présent, nos ministres ont vraiment eu tout faux dans cette négociation. Ils ont même réussi ce tour de force de faire l'unanimité contre eux. Demain, en l'absence d'avancées concrètes, nous adopterons une position dure.
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