LE Dr PHILIPPE DUFETELLE est tombé dans l'écologie en même temps que dans les études de médecine, au lendemain de Mai 68. Dès sa troisième année de médecine, il crée le club Ecologie des résidents de l'université de Rangueil. «Nous n'en étions alors qu'aux prémices des prises de conscience écologique, raconte-t-il et, à la fac, on nous prenait pour des anars antiprogrès. En réalité, nous étions apolitiques, mais nous menions un combat engagé de défense de la nature et de l'homme. Nous étions en révolte contre les méfaits de l'industrialisation, de la pollution, du nucléaire…»
Trente-cinq ans plus tard, le généraliste toulousain continue de mener ses deux passions de front.
La médecine générale, il y est venu par goût du contact. «J'aime autant les gens que la technique. C'est une médecine de proximité, humaniste, j'y trouve mon compte.»
Installé depuis 1984 à la Croix-de-Pierre, à Toulouse, il a assisté aux profondes mutations du quartier. «Quand j'ai repris le cabinet en 1984, j'avais une importante clientèle de personnes âgées, une spécialité que j'avais choisie à la fac et qui me plaisait beaucoup. C'était plutôt populaire, à la jonction des faubourgs et du centre-ville. Je soignais beaucoup de retraités d'AZF, des familles qui avaient leur médecin depuis trois générations. Je faisais autant de visites que de consultations au cabinet. Après l'accident (d'AZF, ndlr), en 2001, beaucoup de personnes âgées ont déménagé, les petites maisons d'ouvriers ont été revendues et de nombreuses familles avec enfants se sont installées dans le coin.»
Engagement politique.
Après un service militaire en tant qu'objecteur de conscience au sein d'associations environnementales, la présidence d'associations, et surtout une rencontre marquante avec Brice Lalonde, il franchit le pas de la politique. «Je me suis présenté dans la foulée aux législatives puis aux européennes, raconte-t-il. Nous avions même obtenu 5,5% de suffrages, ce qui, à l'époque, était assez héroï-que!» Dès lors, l'engrenage est lancé.
A cette époque, son engagement pour les questions environnementales grignote 20 % de son temps de médecin, un pourcentage qui ne cessera pas d'augmenter jusqu'à aujourd'hui. En 1983, il s'engage aux côtés de Dominique Baudis en tant qu'adjoint à l'environnement de la ville de Toulouse. «De militant, je suis devenu homme de dossiers, engagé au service du bien-être des Toulousains.» Les reproches pourtant pleuvent : «Certains ne comprenaient pas que l'on puisse être écologiste et se positionner sur une liste comme celle-là. Moi je savais au contraire que faire des alliances serait le seul moyen de faire passer des idées.»
Sans prosélytisme.
Quand il coiffe sa casquette de médecin, en revanche, le Dr Dufetelle reste un adepte de la médecine traditionnelle. «Je ne suis pas un partisan à tous crins des pratiques naturelles, au contraire.J'en ai appris les rudiments, mais j'ai toujours pensé que ça n'était pas adapté à tout le monde.» Même retenue envers ses patients : «Je mets un point d'honneur à ne jamais faire de prosélytisme, même s'ils connaissent mes engagements. Je m'en tiens à un peu de pédagogie en mettant à leur disposition une documentation en salle d'attent e.»
En 2001, la carrière du médecin prend un nouveau tournant quand il devient vice-président de la commission environnement du Grand Toulouse. Politique cyclable, préservation des cours d'eau, développement des produits recyclables, urbanisme vert…
Autant de thèmes qui peuplent désormais son quotidien. «Aujourd'hui, je ne suis plus un généraliste à temps plein, mais je reste médecin quand même. La médecine occupe encore un tiers de mon temps et j'y tiens. Environnement et médecine sont deux activités qui me procurent le même plaisir et surtout le sentiment d'être utile aux autres.»
Malgré un quotidien saturé par l'activité d'un cabinet médical, de prenantes fonctions d'élu et de responsable de parti politique (il est aussi délégué régional pour Génération Ecologie), le Dr Dufetelle suit avec attention les débats du Grenelle de l'environnement. «Ce dispositif permet de remettre à plat des dossiers importants, comme les choix énergétiques, la politique agricole, les problèmes de transports… Mais il ne sera utile que si des mesures concrètes et perceptibles par le grand public sont prises. Il faudra bien que le gouvernement tranche.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature