Candidat dimanche à sa propre succession à la présidence de l'UNAFORMEC

Le Dr Philippe Bonet : la profession doit construire son avenir autour de la FMC et de la qualité

Publié le 08/11/2001
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LE QUOTIDIEN

Quels sont, selon vous, les points forts des trois dernières années de votre présidence à l'UNAFORMEC ? Il y a notamment la démarche d'assurance qualité.


Dr PHILIPPE BONET

Oui, vous avez capté l'importance, pour nous, de la démarche d'assurance qualité, en matière d'associations de FMC. L'époque des déclarations d'intention est terminée.
Après avoir, pendant près d'un quart de siècle, incité le monde associatif à développer des qualités de gestion, de statuts et de pédagogie dans la mise en œuvre des actions de FMC, l'UNAFORMEC dit maintenant qu'il est de plus en plus nécessaire d'apporter les preuves de ces qualités. C'est notre projet de démarche d'assurance qualité qui continue de se développer, d'autant que nous avons obtenu une subvention du FAQSV national [Fonds d'amélioration de la qualité des soins de ville, financé par l'assurance-maladie, NDLR], par le biais d'une structure fondée par l'UNAFORMEC et spécialement dédiée à la qualité.
Les grandes lignes des critères de qualité ont été formalisées il y a quelques mois. Nous en sommes aujourd'hui à l'écriture finale des critères, des indicateurs de qualité et c'est sans doute la phase la plus délicate. Nos équipes y travaillent avec des qualiticiens professionnels.
Le but, pour nous, est de mettre dans un premier temps à la disposition de la profession, et particulièrement des associations de FMC, une échelle de qualité qui leur permettra de se situer au niveau I, II ou III.

C'est donc de l'autoévaluation, et non un label qu'on octroie ?

C'est exact. C'est d'ailleurs souvent le cas dans l'assurance qualité en général. Les impétrants vérifient eux-mêmes que, dans leurs actions, ils respectent ce qu'on leur demande.

N'envisagez-vous pas, à terme, des agréments accordés aux associations en fonction de votre échelle de qualité ?

Ce n'est pas exclu. L'UNAFORMEC se retrouve une fois de plus dans un contexte où pratiquement personne n'a, à ce jour, proposé des schémas de structuration de la qualité de la FMC. Quand, dans quelques mois, l'ANAES [Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé, NDLR] va devoir appliquer le projet de loi qui est en discussion [texte sur les droits des malades et la qualité du système de santé, incluant un dispositif de FMC obligatoire, NDLR], ils vont bien devoir s'appuyer sur certaines grilles pour donner des agréments aux structures de formation. C'est là que l'UNAFORMEC pourra être sollicitée. Dans le passé, la profession s'est déjà appropriée des travaux de l'UNAFORMEC, et tant mieux. On espère bien que, en matière de qualité, il en sera de même.
Parmi les autres travaux importants de l'UNAFORMEC, il y a le bilan professionnel personnalisé (voir encadré). Cet outil a été l'occasion de mettre en œuvre une action unitaire de la profession. Le colloque du 22 septembre dernier sur l'évaluation de la compétence des généralistes, organisé conjointement par l'UNAFORMEC, le Collège national des généralistes enseignants et MG-Form, était un moment important à mes yeux. Je pense que la profession a suffisamment perdu de temps dans des luttes intestines stériles et que, sans renier nos spécificités réciproques, ni nos engagements respectifs qui sont plus complémentaires que divergents, il est temps que la profession travaille plus étroitement à construire son avenir autour de la formation, de la qualité et de l'engagement dans la société. De la même manière que l'exercice médical aujourd'hui dans la société est de plus en plus incompatible avec l'isolement, physique et psychologique, il devient de plus en plus évident que les différentes structures œuvrant pour la qualité des soins - les syndicats, les universités et les organismes de formation - doivent travailler plus intelligemment et plus étroitement ensemble.

Un texte de transition

Que pensez-vous du projet de loi sur le dispositif de FMC obligatoire, tel que les députés l'ont amendé et adopté le 4 octobre dernier, en attendant son passage au Sénat en janvier ?

Moi, je vois ce texte comme un texte de transition. On a trop reproché au texte précédent [ordonnance Juppé de 1996, NDLR] de vouloir tout faire tout de suite, et de placer la barre trop haut. Si bien que certains ont parlé d' « usine à gaz », d'autres ont dit « c'est irréaliste, nous n'y arriverons jamais », à juste titre d'ailleurs.
Le nouveau projet de loi est un texte de transition qui installe dans le paysage l'obligation de FMC, la possibilité de vérifier, tous les cinq ans, les efforts de formation faits par un praticien.
Mais j'espère que, une fois le système mis en place et rodé, des modifications seront apportées aux décrets d'application pour que le système proposé à la profession soit plus cohérent. C'est la logique que les collaborateurs du ministre de la Santé m'ont exposée. J'adhère à cette logique, pertinente et lucide, qui consiste à ne pas placer la barre trop haut pour réussir.
A terme, il faudra qu'il y ait non pas trois, mais un seul conseil national de FMC pour toute la médecine et un seul conseil régional pour tous les médecins en exercice dans une même région. Il n'y a pas de logique ni de légitimité à scinder artificiellement la profession entre libéraux, hospitaliers et salariés non hospitaliers. En l'occurrence, c'est peut-être la profession qui est moins prête [à une unification, NDLR] que les politiques.
Pour ma part, je présenterai à mon conseil d'administration dimanche une équipe qui réunit des médecins libéraux (généralistes et spécialistes), des hospitaliers et des salariés non hospitaliers.

Vous organisez, le 24 novembre prochain, le Congrès national des associations de FMC pour la troisième année consécutive.

La mise en place du congrès national de la FMC associative est l'un des événements du dernier mandat de l'UNAFORMEC. C'est vraiment une manifestation indispensable à la FMC et à la profession. Car, auparavant, aucune autre manifestation ne permettait aux associations locales de venir présenter leurs activités et leur créativité, en toute simplicité et en qualité. Ce congrès est une bourse d'échanges entre les 150 à 200 participants qui sont tous des responsables de FMC de terrain. C'est extraordinaire, c'est la vitalité du réseau UNAFORMEC. Nous limitons le nombre des participants pour conserver la dimension humaine et l'interactivité des ateliers.

Les bilans professionnels personnalisés de l'UNAFORMEC

L'UNAFORMEC poursuit son chantier des bilans professionnels personnalisés (BPP).
Créés à l'origine pour les médecins généralistes, les BPP sont en voie d'être adaptés pour les pédiatres et les rhumatologues.
Un BPP se fait en trois étapes : « Tout d'abord, le médecin observe par lui-même quelle est sa pratique et combien de temps il consacre à ses différents aspects », explique le Dr Philippe Bonet. « La deuxième étape est une analyse de son comportement dans sa profession et par rapport aux autres professionnels de santé(capacité à travailler en réseau). » Enfin, à partir de 10 à 15 questions clés posées pour chaque motif de consultation (par exemple, maux de tête du patient), le praticien peut, selon le Dr Bonet, « vérifier si ses décisions et son exercice médical sont en adéquation avec ce qu'il est bon de faire aujourd'hui, avec les niveaux de preuve affichés ». Les questions posées « ne sont pas exhaustives mais suffisamment pertinentes pour que le médecin puisse faire son diagnostic et identifier ses points forts comme ses écarts de comportement qui nécessitent une formation », précise le président de l'UNAFORMEC.
L'UNAFORMEC a déjà élaboré, pour 35 des 60 motifs de consultation en médecine générale (définis avec le CREDES), une listes de questions, des réponses argumentées avec leur niveau de preuve et un livre de formation de 100 à 150 pages par thème.

Propos recueillis par Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7006