Le Dr Guy Obino, 65 ans, socialiste et tête de liste de la gauche unie, a conquis haut la main la mairie de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), détenue depuis 1997 par Catherine Mégret, du Mouvement national républicain (MNR).
Le Dr Obino, médecin généraliste retraité, a obtenu 54 % des voix, contre 46 % pour l'épouse du président du MNR, Bruno Mégret, lors de l'élection municipale partielle de dimanche. Catherine Mégret avait été réélue maire de Vitrolles en mars 2001 mais, à la fin de juillet, le Conseil d'Etat avait invalidé ce scrutin en raison de tracts jugés « diffamatoires » contre un candidat de droite.
Le soir même de son élection, le Dr Obino y a vu une « victoire de la République » sur « l'intolérance, la xénophobie et la démagogie », tandis que la maire sortante d'extrême droite dénonçait au contraire « une victoire de la magouille et de la désinformation ».
Un bon report de voix
Pas moins de trois médecins s'étaient présentés au premier tour de l'élection partielle pour contrer la maire sortante (« le Quotidien » du 17 septembre et du 2 octobre) : le Dr Obino (PS), le Dr Dominique Tichadou (socialiste dissident) et le Dr Henri Michel Porte (ex-DL soutenu par l'UDF). Le Dr Obino, qui avait recueilli 31 % des suffrages au premier tour, contre 36,7 % pour Catherine Mégret, a bénéficié au second tour d'un rassemblement à gauche, du retrait de la liste UMP de Christian Borelli (RPR) et d'un report d'une partie des voix de la droite modérée.
« Le report des voix a été bon car les gens ont d'abord voté pour un démocrate très bien implanté localement », commente pour sa part un confrère vitrollais, le Dr Rémy Marietti. Selon le Dr Marietti, qui préside l'association de formation médicale continue locale, l'élection du Dr Obino est une « bonne nouvelle » pour tous les médecins de la ville « car ils seront contents d'avoir pour maire un confrère, qui en plus connaît bien Vitrolles ». Une autre raison pousse ce médecin généraliste à juger « extrêmement positive » la victoire du Dr Obino : les habitants, dit-il, « en avaient un peu marre d'être montrés du doigt ».
Le Dr Didier Avon, également généraliste à Vitrolles, est plus nuancé. Il pense que sa clientèle de la cité des Pommiers sera « plus heureuse », mais il redoute une recrudescence de la délinquance. « Mon cabinet a déjà été attaqué et brûlé plusieurs fois, puis cela s'était un peu calmé du temps de Mme Mégret, qui était plus épaulée par la police que son prédécesseur Jean-Jacques Anglade », explique le Dr Avon. Si ce praticien n'a pas la nostalgie de la période où « la ville était moribonde », il souhaite maintenant « un juste milieu ».
Le Dr Obino aura en tout cas fort à faire dans une ville, qui, selon ses propres termes, est « en ruines ».
L'écharpe après trente-cinq ans de médecine générale
Né à Tunis en 1937 d'un père militaire corse, Guy Obino a fait ses études de médecine à Marseille. Installé à Vitrolles dès 1966, il a mené pendant trente-cinq ans une carrière de médecin généraliste, avec une expérience d'accoucheur, puis il a demandé à bénéficier du dispositif de préretraite (MICA).
Le Dr Obino est entré en politique en rejoignant d'abord le Centre des démocrates sociaux (CDS), avant de prendre sa carte au Parti socialiste en 1995. A cette date, il figure sur la liste du socialiste Jean-Jacques Anglade, qui bat Bruno Mégret, alors candidat du Front national. Le Dr Obino occupe les fonctions de maire-adjoint à la culture pendant seize mois, puis il quitte l'équipe de Jean-Jacques Anglade lorsque ce dernier est poursuivi pour « corruption passive ».
Aux élections municipales de mars 2001 remportées par Catherine Mégret, le Dr Obino figurait en deuxième position sur la liste socialiste conduite par le Dr Dominique Tichadou, médecin gérontologue. Dernièrement, il a été investi par les socialistes locaux pour cette élection municipale partielle, au détriment du Dr Tichadou.
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