A 6 ou 7 ans, pour les compliments de la fête des mères, la petite Muriel Prieur-Gold copiait déjà des couchers de soleil de Monet et peignait ses premières gouaches, « avec sensibilité », constate-t-elle en regardant les cartons qu’elle a conservés.
A 16 ans, à la faveur d’un stage de sémantique générale de Korzybski, elle découvrait « la conscience d’abstraire » et se lançait dans l’abstraction graphique avec la même ferveur que dans les copies figuratives de son enfance. Mais il fallait « faire un bon métier » pour satisfaire son dentiste de père, amateur d’art à ses temps perdus, surtout soucieux de l’avenir de cette fille artiste qui, pour aggraver son cas, composait poèmes et nouvelles et se serait bien vue écrivain.
Dessiner les os et les muscles
« Malheureusement, je n’étais pas d’une nature rebelle », se souvient-elle. Elle fera donc médecine. A la fac des Saints-Pères, elle dessine les os et les muscles « avec beaucoup de plaisir », puis, dans le sillage de mai 1968, elle plonge dans les tréfonds de l’âme humaine : membre de la génération Lacan, elle se spécialise en psychiatrie, se consacre aux enfants dans le cadre d’une consultation médico-psychologique(CMP) à Issy-les-Moulineaux, avant d’ouvrir un cabinet de psychanalyse à Paris. La peinture est reléguée aux temps de vacances. Mais elle n’en est pas moins « une nécessité, toujours présente, comme une amitié ».
Les étapes se suivent. Elle expose au premier salon des peintres médecins, dont elle sera lauréate. Un atelier partagé à la Bastille ; les ateliers des Beaux-Arts de la ville de Paris ; un apprentissage avec un maître du portrait qui la fait travailler sur les oeuvres de Rubens, Courbet, Goya et Picasso ; la « conflagration » entre le figuratif et l’abstrait, pour finir, aujourd’hui, par comprendre qu’« il n’y a a pas de réelle différence entre ces deux formes d’expressionnisme, l’une et l’autre tentant d’attraper la signification du regard, de l’histoire ».
Maintenant « libérée » de la médecine, le Dr Muriel Prieur Gold se présente comme « une urgentiste de la couleur. Peindre, peindre, peindre ! Je voudrais que le temps s’arrête et que la mort s’éloigne. Je voudrais en peignant avoir une nouvelle vie devant moi... » Et la médecine ? « Finalement, c’était une autre expression de mon art, encore, une manière de créer aussi en donnant. Non, je ne regrette pas d’avoir exercé à la fois au cabinet et dans l’atelier. »
L’OEUVRE CHOISIE PAR « LE QUOTIDIEN » : « LA FENÊTRE »
Sur les quatre grandes huiles qu’elle a exposées au 46e salon des peintres médecins, « La Fenêtre » est la préférée de MurielPrieur-Gold, avec une étrange structure claire, au centre, surgie de tâches bleues très sombres. « Un ami m’a dit qu’il y voyait un Christ en croix. Mais je suis athée. Je cherche des images à l’intérieur de moi qui structurent mes tableaux. »
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