Le Dr Michel Chassang devrait succéder au Dr Claude Maffioli à la tête de la CSMF

Publié le 06/03/2002
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Dans l'ombre de la campagne pour l'élection présidentielle, c'est une autre élection qui se prépare dans les couloirs de la principale organisation de médecins libéraux, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Au terme de dix années de bons et loyaux services, son président, le Dr Claude Maffioli, a décidé de passer la main et laissera prochainement la place à son successeur, dont l'élection aura lieu le 17 mars.

Cette succession, qui intervient alors même que les médecins généralistes sont engagés depuis trois mois dans un bras de fer avec les pouvoirs publics pour obtenir une revalorisation de leurs conditions de travail, devrait toutefois se dérouler sans heurts.
A la veille de la clôture des candidatures, le Dr Michel Chassang qui préside actuellement la branche généralistes de la Confédération, l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), était le seul candidat en lice. A moins d'une surprise de dernière minute, ce médecin généraliste de 45 ans, qui exerce dans le Cantal depuis 1985, devrait donc en toute logique devenir le prochain président de la Confédération.

Continuité

La candidature du Dr Michel Chassang s'inscrit, en outre, dans la continuité de l'action conduite pendant dix ans par son prédécesseur. Caractérisée par une défense inflexible des principes de la médecine libérale contre les ordonnances Juppé et la maîtrise comptable des dépenses, elle ne semble plus guère contestée par les adhérents de la CSMF, bien qu'elle ait installé durablement cette organisation dans l'opposition et privé les médecins spécialistes de convention avec l'assurance-maladie.
La récente notoriété acquise à l'occasion d'un conflit dont il est l'un des principaux leaders et l'habileté dont il a fait preuve au cours de ces dernières semaines dans la conduite du mouvement de contestation des médecins ont fini de faire du Dr Chassang le prétendant naturel à la succession du Dr Claude Maffioli.
Pour conduire la nouvelle étape de l'histoire de la Confédération qui va s'ouvrir avec l'élection présidentielle, le prochain président devra pouvoir s'appuyer sur une équipe stable et soudée. C'est la raison pour laquelle, en dehors de l'éventuelle succession du Dr Chassang à la tête de l'UNOF, le renouvellement de l'équipe dirigeant la branche spécialistes, l'Union des médecins spécialistes confédérés (UMESPE), prévue statutairement au mois de septembre, a été avancée à dimanche.

UMESPE : un scrutin plus indécis

Une élection devenue d'autant plus indispensable que son actuel président, le Dr Christian Le Goff, a abandonné ses fonctions depuis plusieurs mois déjà pour des raisons de santé.
Mais, cette fois, le scrutin devrait ménager plus de suspense. Successeur désigné du Dr Le Goff, le Dr Jean-François Rey, secrétaire général de l'UMESPE, devra affronter un challenger inattendu en la personne du Dr Guy-Marie Cousin. Secrétaire général du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens (SYNGOF), installé en Loire-Atlantique, le Dr Cousin, 53 ans, s'est souvent illustré ces deux dernières années dans des actions syndicales fortes en faveur de ces spécialistes. Qu'il s'agisse de la sécurité à la naissance, de l'allongement de la durée de l'interruption volontaire de grossesse ou de l'arrête Perruche, il n'a pas hésité à menacer plusieurs fois les pouvoirs publics de mouvement de grève durs afin d'obtenir la satisfaction de ses revendications.
Alors que le Dr Rey, gastro-entérologue, président du Syndicat national des médecins spécialistes de l'appareil digestif, souhaite s'inscrire dans la continuité de l'action conduite au cours de ces dernières années, la candidature du Dr Cousin se présente plutôt comme « un coup de gueule ».
Le premier proposera à ses mandants l'élaboration d'un Livre blanc de la médecine spécialisée destiné à fournir un état des lieux et une base de discussions dans les prochaines négociations conventionnelles et de refonte de la nomenclature. Le second condamne l'immobilisme actuel qui nuit particulièrement, dit-il, aux médecins spécialistes de secteur I, dont les conditions d'exercice se dégradent, et il préconise un syndicalisme plus musclé. « Il faut maintenant taper du poing sur la table et amener nos interlocuteurs à négocier une nouvelle convention qui prenne en compte les conditions d'exercice et de revenus des spécialistes », explique le Dr Cousin, qui se dit également favorable à une négociation rapide des tarifs de la nouvelle nomenclature. « Ce n'est pas parce qu'elle risque d'être défavorable à certaines spécialités qu'il faut retarder sa mise en œuvre », poursuit-il. Cette candidature de rupture avec la ligne actuelle de l'UMESPE illustre bien, en effet, le fossé qui se creuse entre les spécialités techniques les plus rémunératrices dont le poids au sein de la Confédération est important et les spécialités cliniques qui souffrent de l'absence de convention et de revalorisations tarifaires depuis maintenant sept ans.

Céline ROUDEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7081