Un colloque fait le point sur la féminisation dans les établissements publics de soins

Le Dr Marie-Ange Gonzalez, PH au SMUR d'Albi : chaque jour « en chantant »

Publié le 13/11/2001
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Praticien hospitalier (PH) au SMUR d'Albi, dans le Tarn, le Dr Marie-Ange Gonzalez, travaille entre 50 et 60 heures par semaine. Son poste est un temps partiel (60 %), mais avec les gardes et 12 à 24 heures consacrées, en plus, toutes les semaines, à la régulation, le compteur a vite fait de tourner.

Chaque jour, c'est « en chantant » que cette petite femme à l'accent d'oc part pour exercer un métier auquel, visiblement, elle ne renoncerait pour rien au monde. Même s'il l'a contrainte à faire des choix. Avant de devenir PH, elle a été vacataire pendant plusieurs années. Ce n'était « pas très facile financièrement » et « les lendemains n'étaient pas toujours bien dessinés ». Afin d'accéder à un statut plus « confortable », Marie-Ange Gonzalez a dû partir loin de chez elle et aujourd'hui encore, elle est parfois contrainte, pour bien faire son travail, de « donner un peu plus de sa personne que ce que voudrait le bon sens ».
A « 39 ans passés », la voilà « certes mariée mais pas maman ». La situation est quelquefois « mal comprise » par l'entourage du Dr Gonzalez. Sa famille. Sa belle-famille. Elle, la principale intéressée, n'a pas vraiment de regret. En regardant en arrière, elle se dit que s'il existe « des gens adultes au point de penser que leur profession se calquera sur leurs décisions de vie personnelle », elle n'en faisait pas partie.
Elle sait aussi qu'elle a sa profession d'urgentiste chevillée au corps et qu'elle ne peut pas s'imaginer faire autre chose. « En cabinet, je m'embêterai. »
Dans le monde très particulier de l'urgence, où les femmes représenteraient autour de 30 % des effectifs médicaux, il n'y a pas de guerre des sexes, selon Marie-Ange Gonzalez : « L'urgentiste a un profil très particulier. Quelque chose à l'intérieur de lui fait qu'il est ce médecin-là et pas un autre. Cela explique sans doute qu'une femme n'a pas de problème pour faire sa place aux urgences. Nous sommes moins à plaindre que des filles qui choisissent la chirurgie par exemple.  »
Outre « la chance » d'exercer un métier qu'elle « aime », le Dr Gonzalez a la satisfaction d'apporter son grain de sel féminin à l'urgence pré-hospitalière. Elle et ses consœurs, explique-t-elle, ont, peut-être plus souvent que d'autres, le « cheveu court » et l'œil « pas maquillé ». Il n'empêche, elles apportent à leur activité un « côté humain » qu'on ne reconnaît pas facilement aux hommes urgentistes. « Dans les interventions où il y a de l'agressivité, il est rare que l'on prenne des coups quand on est une fille, ajoute-t-elle en s'interrogeant, peut-être apaisons-nous plus facilement les tensions que nos confrères ? »

Karine PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7009