« LES CHIENS SONT LACHÉS », commente le Dr Jean-Jacques Menuet, qui dénonce l'hallali sur Cofidis, l'équipe dont il aura été l'un des médecins depuis quatre ans et autant de Tours de France, jusqu'à la décision, mi-janvier, de mettre un terme à ce « job ». L'an dernier, il expliquait au « Quotidien » comment il axait son travail sur la récupération, la nutrition, l'accompagnement psychologique des sportifs. « A la différence des autres professionnels du Tour, nous n'avons pas besoin de faire parler de nous, disait-il, totalement immergés dans l'épreuve, nous restons cependant "hors milieu" . Quand la marmite connaît des surchauffes, c'est ce qui nous permet d'intervenir pour apaiser les souffrances et sublimer les conflits » (« le Quotidien » du 1er juillet 2003).
Mais cette fois, l'apaisement n'était plus possible. Et peut-être le médecin s'est-il retrouvé plus exposé parce que, précisément, il n'appartient pas au monde du cyclisme et au milieu sportif en général, aux « ghettos », comme il dit.
« La situation du médecin d'équipe est complexe, analyse-t-il : il n'est pas le médecin traitant du sportif, qui peut toujours recourir à un autre praticien, il n'est pas non plus le médecin qui prononce l'aptitude ou l'inaptitude, cette décision est du ressort du médecin fédéral ; coincé entre les règlements d'équipe, les règles internationales et les lois françaises, il est cependant directement en butte aux soupçons : parce qu'il est le médecin présent sur le terrain, c'est forcément le médecin qui dope ! »
Un monde où l'hypocrisie est générale.
« Un tel amalgame, ça finit par faire mal. Mais si un médecin d'équipe, dans le vélo ou dans n'importe quelle discipline sportive, prétend qu'il est en mesure de tout verrouiller dans son équipe, qu'il me téléphone et qu'il me le dise les yeux dans les yeux ! »
« On nage dans un monde où l'hypocrisie est générale, estime Jean-Jacques Menuet ; on blanchit les uns pour mieux salir les autres. Tout tourne autour de la communication, alors que nombreux sont ceux qui communiquent sur ce qu'ils ne font même pas. Et bien évidemment, dans certains sports, on évitera soigneusement les sujets qui fâchent.
« Dans le cyclisme, on s'acharne sur quelques-uns, alors nombreux sont ceux qui se doutent que les pourvoyeurs et les conseilleurs sont des gourous étrangers aux équipes. Des gourous dont personne ne parle. Alors, la lassitude a fini par l'emporter sur la passion. Je n'ai plus envie de me battre contre la suspicion. Je souhaite de tout cœur bonne chance au Tour de France, à mon confère d'équipe (médecin du sport et psychiatre), qui sera sur le terrain, ainsi qu'aux coureurs. J'ai confiance dans la grande majorité des sportifs du peloton. Ils ne s'adonnent pas aux pratiques dopantes et je continue à les respecter et à leur faire confiance. »
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