DE NOTRE CORRESPONDANTE
UN ACCIDENT. Voilà comment Sofia Herzi, médecin généraliste, suppléante de Jean-Luc Moudenc (qui reprend le flambeau de Philippe Douste-Blazy aux prochaines législatives dans la première circonscription toulousaine), qualifie son entrée en politique. Ce «médecin de quartier», comme elle aime se désigner, se veut avant tout «libre et citoyenne». Une empreinte qu'elle compte bien laisser dans la campagne.
Actuellement, ses journées commencent par un rituel immuable : un petit déjeuner avec Jean-Luc Moudenc dans un café de la ville. Le lieu change chaque matin ; l'objectif, lui, reste le même. Il s'agit de rencontrer les Toulousains. Pour l'heure, les Toulousains saluent bien leur maire, mais ils ne reconnaissent pas la jeune femme qui l'accompagne… «Je n'ai aucune expérience en politique», reconnaît, sans détour, cette brune au caractère bien trempé. «Lorsque j'ai rencontré Jean-Luc Moudenc, il y a quelques semaines, je l'ai interpellé sur la détresse des gens. J'étais curieuse de savoir si ce politique percevait aussi notre ville sous cet angle-là. Car si à Toulouse les apparences sont lisses, les terrasses de café remplies, l'économie dynamique… les façades roses du centre-ville abritent parfois une réalité qui l'est moins. De nombreuses personnes sont isolées, précaires, déstructurées. Et je mesure cette détresse chaque jour dans les confidences de mon cabinet.»
Le maire reçoit le message cinq sur cinq et, soucieux de s'entourer de gens de terrain, il propose illico au médecin de s'engager à ses côtés dans la campagne. L'alliance est inédite et audacieuse ; elle surprend au niveau local.
Sofia Herzi accepte, à une condition : garder sa liberté. «Je me reconnais des valeurs morales et sociales, insiste-t-elle. Si Jean-Luc Moudenc s'était engagé sous la bannière UMP, je ne l'aurais certainement pas suivi.» C'est donc sans étiquette qu'elle fait ses premiers pas en politique, derrière un Jean-Luc Moudenc (ex-UMP) qui a finalement opté pour une étiquette centriste majorité présidentielle. «Je suis pour le partage, j'ai toujours tout partagé, mais il faut bien produire des richesses pour pouvoir ensuite les distribuer. Il faut donc tirer les gens vers le haut», poursuit Sofia Herzi. Partage, citoyenneté, intégration, autant de valeurs qui confèrent à ce médecin d'origine tunisienne une image d'ouverture si prisée en ce moment dans la classe politique…
«Bien sûr que je représente la carte de l'ouverture, nous incarnons, avec Jean-Luc Moudenc, la diversité des idées, pourquoi s'en cacher? C'est d'actualité», commente Sofia Herzi. Et à ceux qui osent la comparaison avec la ministre de la Justice Rachida Dati, elle rétorque un «pourquoi pas». Mais, ajoute-t-elle, «même si je suis issue de l'immigration, je suis avant tout une citoyenne lambda. J'incarne une forme de réussite citoyenne, mais je suis surtout le reflet de la société actuelle».
« Médecine sentimentale ».
A 44 ans, Sofia Herzi, aujourd'hui installée en libéral dans le quartier de la Roseraie, a déjà 18 ans de pratique médicale à son actif. «La médecine, c'est ma passion, un truc que j'ai toujours voulu faire», raconte-t-elle. Diplômée de la faculté de médecine de Toulouse, Sofia Herzi, également titulaire d'un diplôme de statistiques médicales, commence pourtant sa carrière dans l'industrie pharmaceutique, au service de prestataires. «J'avais peur de l'isolement du médecin généraliste, j'ai donc choisi l'industrie pour le travail d'équipe.» Très vite, la passion reprend le dessus : «Je voulais soigner les gens, j'ai donc fait un parcours de remplacements, avant de m'installer.» Aujourd'hui, elle partage son temps entre des expertises médicales et son cabinet, «le cabinet, c'est ma médecine sentimentale. Le reste donne un regard différent».
Pour ses patients, elle privilégie une médecine de terrain. «Je suis, dit-elle, un vrai médecin de famille, j'essaye d'être la plus disponible possible.» Après deux agressions de nuit, elle a néanmoins renoncé aux visites. Dans son cabinet, où elle soigne une population très brassée socialement et culturellement, ses patients l'interpellent régulièrement sur sa candidature. «Ils sont assez contents, mais je ne suis qu'un maillon de la chaîne et je transmettrai leur message. Un message qui devra être le vrai reflet de ce qui se passe en bas.» Un challenge de taille dans une circonscription où le Parti socialiste a recueilli 58 % des suffrages à l'élection présidentielle.
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