ATTENTION, DANGER : le «coup de gueule» du président du Syndicat des médecins libéraux (SML), signataire de la convention, sonne comme un avertissement solennel aux pouvoirs publics.
Pour le Dr Dino Cabrera, le climat devient chaque semaine plus «malsain» faute de «réelles» négociations conventionnelles tarifaires, en particulier sur le calendrier de revalorisation de la consultation (C).
«Maintenant ça suffit, tranche-t-il . Qu’on arrête de promener les médecins, car tout ça va mal finir. Soit il y a de vraies négociations, et on y va, soit il n’y en a pas mais il faut que chacun assume la situation.»
Le président du SML précise que son attaque, qui intervient à quelques jours de la reprise des négociations conventionnelles, le 7 février, ne vise pas le ministre de la Santé, jugé «excellent»,qui «tient le cap» et s’est prononcé «plusieurs fois publiquement» sur l’objectif du C à 23 eurosen 2007.
En revanche, le fonctionnement de l’Uncam (Union nationale des caisses d’assurance-maladie) est mis en cause par le SML avec d’un côté «un conseil qui joue un jeu de dupes» – les orientations sur le programme de négociation tarifaire pour 2007 ne sont toujours pas arrêtées – et de l’autre «un directeur qui utilise cette situation pour jouer la montre». Pour Dino Cabrera, ces règles de gouvernance grippent la machine conventionnelle, notamment sur les sujets fondamentaux (revalorisations, création du secteur optionnel).
Au risque de remettre en cause la clarification des rôles et des compétences entre l’Etat et la Cnam voulue par la réforme de 2004, le Dr Cabrera réclame ouvertement une intervention «politique» du gouvernement pour «remettre de l’ordre, et vite». La requête (également formulée par courrier) s’adresse en premier lieu au ministre de la Santé, également porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy, appelé à fixer au directeur de l’assurance-maladie une obligation de résultat rapide sur la hausse du C. Car, pour le SML, le compte à rebours a commencé : «Je pressens que rien ne se fera en février, période de vacances scolaires,mais si rien n’est décidé sur les honoraires avant le 15 mars, on ne fera plus rien avant le 15 octobre…»
Le rendez-vous de la convergence tarifaire annoncé au moment où sont diplômés les premiers spécialistes de médecine générale serait alors manqué. Mais, déjà, le SML craint la radicalisation des mots d’ordre en période électorale. «Je vois fleurir certains messages irresponsables», accuse le Dr Cabrera qui s’inquiète de la montée de la «défiance» qui «peut amener la chienlit». Et de condamner la décision du comité directeur de MG-France d’ «inviter» les médecins généralistes à coter leurs actes comme leurs confrères spécialistes avec la lettre clé CS sur des feuilles de soins papier (« le Quotidien » du 31 janvier). «Economiquement, le C à 28euros n’est pas à portée de main dans notre pays», juge-t-il.
Le SML, qui réunira son conseil d’administration au début de mars, et réserve jusque-là sa stratégie, ne fera «aucun chantage aux élections». «Il y a un contentieux avec l’assurance-maladie mais je demande aux médecins de ne pas tomber dans le panneau du vote protestataire», ajoute-t-il .
Compensations.
Si la hausse du C occupe le devant de la scène, pour des raisons à la fois symboliques et économiques, beaucoup d’autres dossiers attendent les partenaires conventionnels. Le président du SML plaide pour des mesures «à effet immédiat» pour les spécialistes «perdants comme les dermatologues, les angiologues et les médecins rééducateurs; et réclame même des compensations «individuelles» pour les spécialistes dont les revenus auraient particulièrement pâti du passage par le médecin traitant.L’impact du parcours de soins et les éventuelles mesures d’accompagnement pour les spécialités cliniques seront à l’ordre du jour de la réunion du 7 février. Le programme prévoit également le bilan de la formation conventionnelle, l’informatisation des cabinets médicaux et la permanence des soins en ville et en établissement. Un menu auquel les syndicats signataires rêvent d’ajouter la négociation sur la hausse du C.
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