La récompense de 120 000 euros attribuée au Dr Alfred Sommer par le Groupe Danone (avec le soutien, en France, de la Fondation pour la recherche médicale), répond parfaitement à l'objectif du prix international de nutrition, qui est de favoriser les travaux démontrant le lien entre nutrition et santé. Le Dr Sommer a consacré la plus grande partie de sa carrière à l'étude de la vitamine A et aux conséquences de sa carence alimentaire dans les pays en voie de développement.
Ses premiers travaux, commencés dans les années soixante-dix, en Indonésie notamment, ont permis de déterminer les caractéristiques chez l'enfant des maladies dues à une carence en vitamine A et les facteurs de ce déficit. Le Dr Sommer a ainsi prouvé que les ulcérations de la cornée et les cécités observées chez de nombreux enfants du tiers-monde étaient dues à une carence en vitamine A. Des travaux complémentaires conduits en Afrique lui ont aussi permis de montrer que la plupart des cécités infantiles associées à la rougeole, étaient la conséquence de faibles concentrations en vitamine A.
Dix ans pour se faire entendre
Ce remarquable chercheur n'a pas toujours été écouté de ses pairs. Une controverse a agité la communauté scientifique lorsque, pour la première fois, le Dr Sommer a affirmé qu'une carence modérée en vitamine A augmentait considérablement la mortalité infantile et cela à cause d'une moindre résistance aux maladies infectieuses comme la rougeole ou les diarrhées. De nombreuses études menées à grande échelle et dix ans de travail (entre 1983 et 1992) auront été nécessaires pour convaincre les scientifiques et les décideurs politiques de la validité de ces observations et de leurs implications en santé publique. Grâce aux efforts du Dr Sommer, la lutte contre la carence en vitamine A a été inscrite dans la déclaration des Droits de l'enfant et dans le plan d'action du Congrès mondial sur l'alimentation (World Food Congress).
Le Dr Sommer s'est ensuite attaché à tirer les conséquences pratiques de ses découvertes. Il a montré que la carence en vitamine A pouvait être traitée de manière efficace, rapide et économique par l'administration orale d'une dose élevée en vitamine A et ne nécessitait pas la préparation de solutions stériles injectables, méthode difficilement applicable à grande échelle dans le tiers-monde. Un rapport sur le développement mondial (Banque mondiale) a ensuite certifié que cette pratique était la plus rentable qui soit.
Après l'enfant, la femme enceinte
Actuellement, le Dr Sommer poursuit ses travaux sur les conséquences physiologiques de la carence en vitamine A chez la femme enceinte. Il a récemment montré que la supplémentation en vitamine A ou en bêta-carotène des femmes en âge de procréer réduisait significativement la mortalité maternelle (de 45 %). Une nouvelle étude de terrain randomisée est mise en place au Bangladesh pour confirmer ces résultats ; dans ce travail, d'autres micronutriments (zinc, folates, fer, vitamines B) sont étudiés en même temps que la vitamine A. Enfin, un travail va très prochainement été lancé au Népal pour identifier les effets de combinaisons alternatives de micronutriments sur la santé et la survie des jeunes enfants.
Ainsi, en récompensant le Dr Sommer, le Groupe Danone confirme sa détermination à soutenir les découvertes qui font avancer les connaissances sur la relation étroite entre alimentation et santé publique.
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