DISSIDENT de l'ordre économique, encarté chez les Verts depuis 2002 et militant « éclaté » dans de multiples associations, le Dr Alexandre Rafalovitch est installé à Bron (Rhône) depuis 1996. Comme beaucoup d'écologistes, la première des luttes engagées par ce généraliste vise ce qu'il nomme «le totalitarisme du TINA (There Is Not Alternative)». Participer au contre- sommet de l'environnement, qui s'est tenu à Lyon le 6 octobre, et reconnaître les avancées positives du Grenelle n'a, pour lui, rien d'antinomique. Bien au contraire, puisque «le dialogue et la recherche d'alternative» en font la trame. Si le médecin évite toute circonlocution pour étayer son propos, il manie volontiers la métaphore pour décrire l'ouverture offerte par le Grenelle : «C'est un peu comme si une délégation venait d'être reçue par le capitaine du “Titanic” et lui avait dit: “Nous savons que le bateau se dirige droit vers l'iceberg et nous pensons donc qu'il faudrait faire quelque chose pour inverser la vapeur” .»
Un paradigme.
Nul doute, pour ce médecin, que l'homme est plus que jamais la somme de ses choix. Illustration, l'idée de voir son portrait publié dans « le Quotidien » ne lui semblait pas en cohérence, a priori, avec ses convictions personnelles : «Le lecteur va être confronté à une page où mon discours sera contredit par les placards publicitaires qui vont l'entourer. Or l'environnement d'une chose a forcément un lien avec cette chose, et en cela nous sommes piégés par les médias», s'inquiétait-il en préambule de l'entretien. L'écologie ne relève ni d'une simple opinion ni d'une ambition personnelle. «Je n'ai d'ailleurs pas envie d'être élu», confirme-t-il. Non, pour lui, l'écologie est au coeur de l'émancipation, comme le disait Alain Lipietz. «C'est un paradigme, poursuit le Dr Rafalovitch, une façon de penser, d'agir, de faire de la politique, de se nourrir, de se soigner, d'être ensemble et d'émettre des priorités.» D'où son engagement dans l'association Santé Environnement Rhône-Alpes (SERA), créée en 2006 en réaction au travail engagé par la Région sur cette même thématique, et qu'elle considère comme non aboutie. Chaque quatrième samedi du mois, à Lyon, il retrouve également le mouvement Vélorution, manifestation festive «contre la dictature de la voiture». Et puis sa pratique quotidienne fait qu'il est confronté aux multiples pathologies liées à la dégradation des conditions de vie et de l'environnement. «Tout généraliste est quelque part écologiste, dans le sens où il ne fait pas la différence entre l'individu et l'environnement de la personne.» Aussi exhorte-t-il ses confrères à observer de près ce qu'ils vivent et voient dans leurs cabinets pour en faire un sujet de réflexion et d'élaboration. Bien qu'Alexandre Rafalovitch se considère comme un «allopathe malheureux» puisque «la médecine que j'ai apprise à la fac se contente de remettre le patient dans cet état limite où il se trouvait avant de tomber malade», il exerce son art dans le respect de ce que l'écologie sous-tend de plus noble : «Tout faire pour qu'une personne se sente mieux, avec l'éthique qui l'accompagne.»
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