CONGRES HEBDO
Les signes cliniques d'insuffisance cardiaque ont, dans certains cas, une faible valeur diagnostique et l'échocardiographie a également ses limites, notamment en raison de certaines difficultés d'interprétation.
« Cela explique les faux diagnostics d'insuffisance cardiaque, en particulier dans les situations d'urgence et en médecine de premier recours, concernant un certain nombre de patients atteints d'insuffisance cardiaque diastolique, souvent des sujets âgés avec une comorbidité importante, en particulier une obésité et/ou une BPCO. C'est dire l'intérêt d'un test biologique qui permette de faire le diagnostic d'insuffisance cardiaque comme d'autres font le diagnostic des défaillances des grands organes (la clairance de la créatinine pour l'insuffisance rénale, les transaminases pour l'insuffisance hépatique », explique R. Desnos (HEGP, Paris).
Le dosage du BNP, peptide natriurétique de type B, répond à ce besoin : il peut maintenant être réalisé au lit du malade par une technique immunologique avec fluorescence, simple, fiable et rapide (elle est faite en 15 minutes à partir de 5 ml de sang).
Le BNP est un petit peptide avec une structure en anneau de 17 acides aminés, synthétisé et libéré principalement par les myocytes ventriculaires en réponse à une surcharge ventriculaire gauche ou droite de pression ou de volume. Ce mécanisme explique que le taux de BNP soit augmenté dans l'insuffisance cardiaque gauche, qu'elle soit systolique ou diastolique, dans l'insuffisance cardiaque droite, mais aussi en cas d'augmentation de la volémie (insuffisance rénale).
Chez les patients âgés, notamment au-delà de 75 ans, le taux de BNP augmente de façon notable, ce qui a des conséquences pratiques.
Un intérêt potentiel pour le dépistage
Le dosage du BNP pourrait être particulièrement utile dans le dépistage de masse de l'insuffisance cardiaque gauche, symptomatique ou non, et en consultation pour confirmer une suspicion d'insuffisance cardiaque. Ces deux possibilités ont fait l'objet d'études menées au Japon, en Ecosse, en Amérique du Nord et dans des pays anglo-saxons où l'accès à l'échocardiographie est moins facile qu'en France. Les résultats montrent l'intérêt du dosage du BNP pour dépister une insuffisance cardiaque gauche systolique ou diastolique mais ils demandent à être confirmés.
Le dosage du BNP est maintenant validé pour l'aide au diagnostic de l'insuffisance cardiaque, notamment chez les patients qui consultent en urgence pour une dyspnée aiguë et chez lesquels se pose la question de savoir s'il s'agit d'une insuffisance cardiaque congestive ou d'une dyspnée d'une autre origine.
Plusieurs études réalisées depuis une dizaine d'année montrent que le dosage du BNP aux urgences permet de dépister les dyspnées d'origine cardiaque.
Les résultats d'une grande étude prospective multicentrique (7 centres) menée avec une méthodologie rigoureuse auprès de 1 600 patients admis aux urgences pour une dyspnée aiguë en dehors d'un infarctus du myocarde, d'une insuffisance rénale ou de toute autre cause de dyspnée comme un traumatisme thoracique, ont été présentés récemment par A. Maisel (1).
Les dosages ultrarapides du BNP faits au lit du malade mettent en évidence une différence significative entre les patients qui n'ont pas d'insuffisance cardiaque (concentration de BNP de l'ordre de 110 pg/ml) et ceux qui ont une insuffisance cardiaque (BNP de l'ordre de 700 pg/ml)
Le BNP apparaît comme un bon moyen de faire le diagnostic d'insuffisance cardiaque devant une dyspnée aiguë,
mais surtout il a une valeur qui vient s'ajouter à celle du diagnostic clinique.
On ne peut, en aucun cas, s'appuyer sur un seul résultat pour confirmer ou exclure le diagnostic d'insuffisance cardiaque sans prendre en compte les autres données cliniques. Une concentration de BNP basse (< 50 pg/ml) est un bon critère d'exclusion, sachant cependant que, chez les sujets âgés, le taux de BNP est plus élevé, (compris entre 100 et 300 pg/ml).
D'après les communications de M. Desnos (Paris), F.Pousset(Päris), P. Jourdain (Pontoise) et D. Carrié (Toulouse).
(1) Maisel A. « Rev cardiovasc Med » 2002 ; 3, suppl. 4 : S10-7.
Utilité du dosage du BNP en pratique clinique.
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