De notre correspondante à New York
L A majorité des billets verts sont contaminés par des bactéries qui peuvent provoquer des infections chez l'homme, constate une étude américaine. Si l'on pouvait s'en douter un peu, on ignorait jusqu'à quel point. « Cette étude met en lumière la possibilité que l'argent puisse être un véhicule de dissémination rapide des bactéries », a déclaré le Dr Peter Ender (Wright-Patterson AFB Medical Center, Ohio), qui présentait ces résultats au congrès de l'American Society for Microbiology.
Peu d'études se sont penchées sur la contamination des billets de banque, précise au « Quotidien » le Dr Ender. Une étude américaine a été publiée en 1973 (« JAMA »), mais la méthodologie était différente, et les résultats ne peuvent être comparés.
Dans l'étude présentée, 68 billets de un dollar ont été recueillis auprès de personnes faisant la queue à un stand de hot-dog ou à la caisse d'une épicerie. Les coupures ont été analysées en utilisant des techniques microbiologiques tout à fait standard.
Cinq coupures (7 %) ont été trouvées contaminées par des bactéries qui peuvent causer des infections chez les individus bien portants, comme le staphylocoque doré et Klebsiella pneumoniae. Cinquante-neuf coupures (87 %) ont été trouvées porteuses de bactéries qui peuvent surtout causer des infections chez les sujets hospitalisés ou immunodéprimés, notamment par le VIH, une chimiothérapie anticancéreuse ou des immunosuppresseurs : staphylocoque à coagulase négative, streptocoque alpha hémolytique, Enterobacter, Acinetobacter, Pseudomonas non aeruginosa, Bacillus, Alcaligènes, diphtéroïdes, et Escherichia vulneris. Enfin, seulement 4 billets (6 %) étaient indemnes de toute contamination significative.
« Les billets de un dollar sont utilisés et échangés maintes et maintes fois », commente dans un communiqué le Dr Ender. « Si certains sont contaminés par des bactéries, il est possible que ces organismes passent d'une personne à l'autre. Il faut noter que cette enquête ne porte que sur 68 billets sur les milliards en circulation, et qu'elle ne prouve pas que les bactéries sont disséminées de personne à personne durant l'échange de monnaie. Une étude plus complexe employant des méthodes de biologie moléculaire serait nécessaire. Néanmoins, nos résultats suggèrent que le papier de monnaie est couramment contaminé et que cela pourrait jouer un rôle dans la transmission des organismes potentiellement nuisibles. »
Congrès de l'American Society for Microbiology, Orlando, Floride.
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