2 millions d’ouvertures attendues cette année

Le DMP enfin sur les rails

Publié le 08/12/2011
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« LES CARDIOLOGUES ont toujours été à la pointe du progrès et de l’innovation dans le domaine médical. Et nous faisons en sorte de nous mobiliser pour que notre spécialité puisse être en première ligne dans la mise en place du DMP (dossier médical personnel) en France », explique le Dr Patrick Assyag, secrétaire général de l’Union nationale de formation et d’évaluation en médecine cardio-vasculaire (UFCV) et président du Syndicat des cardiologues de la région parisienne. Au cours des dernières années, le DMP a largement fait parler de lui et pas toujours en bien. Mesure phare de la réforme de l’assurance-maladie de 2004, ce projet a longtemps fait figure d’arlésienne et a même, à un moment, failli être définitivement enterré. Depuis sa reprise en main en avril 2009 par l’ASIP Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé), désignée par le ministère, le projet semble être, cette fois, reparti sur des bons rails. « Force est de constater que les responsables de l’ASIP Santé ont adopté la meilleure stratégie reposant sur une très grande modestie, tant sur le nombre de dossiers DMP ouverts, que sur la finalité de l’opération qui réside sur la coordination des soins en insistant sur la politique de sécurité et de confidentialité qui entoure le déploiement du DMP », indique le Dr Assyag.

Présenté en décembre  2010 par Jean-Yves Robin, le directeur général de l’ASIP Santé, le DMP a été lancé officiellement en janvier par Xavier Bertrand, le ministre de la santé, avec un calendrier établi de manière progressive. « L’accès au web patient a été rendu possible en avril. Pour cette année 2011, l’objectif est l’ouverture de 2 millions de dossiers. Quant à la généralisation du DMP, elle devra attendre 2020 », indique le Dr Assyag.

Le DMP se présente sous la forme d’un portail d’information dématérialisée accessible par Internet. Le professionnel de santé peut s’y connecter avec l’autorisation du patient, en s’identifiant avec sa carte CPS. « Il faut noter que, dès février 2011, la carte CPS3 devrait permettre sa diffusion dans le monde hospitalier », souligne le Dr Assyag, en précisant que ce projet a trois grands objectifs. « Le premier est de faciliter la coordination des soins dans le cadre du regroupement des professionnels de santé. Le deuxième est de favoriser l’efficience et la qualité des soins en disposant rapidement et simplement des informations pertinentes pour la décision médicale ett le troisième objectif de libérer du temps médical ».

Aujourd’hui, n’importe quel patient, muni de sa carte Vitale, peut demander à un médecin de lui ouvrir un DMP. Cette ouverture peut également se faire à l’occasion d’un séjour ou d’une consultation à l’hôpital. « Un cardiologue traitant peut donc très bien ouvrir un DMP à condition que son patient lui en ait fait la demande. Une fois le consentement du patient recueilli, l’ouverture est très simple. Elle se fait en trois clics », indique le Dr Assyag, en précisant qu’ensuite, l’alimentation du dossier par le praticien se fait en suivant certaines règles. « Les documents qui servent à la coordination des soins sont acceptés à la condition d’être dans un format conforme au cadre d’interopérabilité. On peut, à cet effet, déposer des documents structurés ou des documents type PDF. Il est important de préciser qu’à partir du DMP du patient, le cardiologue peut enrichir son propre logiciel. Par exemple, il peut récupérer un compte rendu opératoire ou un examen biologique dont il ne dispose pas », indique le Dr Assyag, en précisant que le DMP ne peut être alimenté qu’avec l’autorisation du patient par un professionnel de santé ou par des personnes certifiées. « C’est un dossier personnel. Le patient peut très bien demander qu’on retire une information de son DMP ou en bloquer l’accès à certains professionnels de santé ».

La structuration du DMP est organisée autour de huit rubriques : documents de synthèse et données médicales générales ; traitements et soins ; comptes rendus ; imagerie médicale ; résultats d’analyses biologiques ; données de prévention ; certificats et déclarations ; espace personnel réservé au patient (document ajouté par le patient).

Un projet de DMP Cardio a été conçu par l’UFCV et a été retenu au titre des expérimentations nationales (appel d’offre GIP-DMP 2007). Ce projet comporte quatre volets :

– les fiches patients : patient sous antiagrégants plaquettaires, patient sous antivitamine K, patient porteur d’un défibrillateur cardiaque implantable, patient porteur d’une endoprothèse coronaire, patient porteur d’une prothèse valvulaire, patient porteur d’un stimulateur cardiaque;

– l’intégration dans les logiciels compatibles ;

– la formation des cardiologues ;

– l’initiation à l’ouverture des dossiers DMP lors de réunions UFCV. « Cette initiation a pris un peu de retard mais va se mettre en place dans les mois semaines à venir », précise le Dr Assyag.

En lien avec l’ASIP Santé, l’UFCV a passé un contrat avec les trois principaux éditeurs de logiciels. « Le médecin peut se connecter au DMP, soit en passant par un navigateur Internet (Firefox 2 et 3 ou Internet Explorer 6 ou 8), soit à partir de son logiciel métier DMP compatible. Un logiciel DMP compatible respecte le cadre d’interopérabilité avec le DMP, ses documents sont au bon format (XDOS-A) et il gère les différentes habilitations des professionnels de santé », indique le Dr Assyag. « On prévoit de déployer ce projet en faisant participer les cardiologues », ajoute le secrétaire général de l’UFCV, qui fait preuve d’une confiance prudente pour l’avenir. « Il y a fort à penser que le DMP connaîtra le cheminement inhérent à tout processus innovant. Et sa réussite va dépendre de chacun d’entre nous dans ce processus de soins coordonnés où le professionnel de santé devra s’approprier ce nouvel outil de dématérialisation et d’échanges de données de santé… », indique le Dr Assyag.

D’après un entretien avec le Dr Patrick Assyag, secrétaire général de l’Union nationale de formation et d’évaluation en médecine cardiovasculaire (UFCV) et président du Syndicat des cardiologues de la région parisienne.

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes