«LA SCIENCE doit fonctionner comme un écosystème dont le socle est la recherche fondamentale», a indiqué, dans un français parfait, le directeur des Instituts américains de la santé (NIH), le Dr Elias Zerhouni, à l'occasion d'une séance de l'Académie nationale de médecine. Le Dr Elias Zerhouni, né en 1951 à Nédroma (Algérie), ne savait qu'à peine parler anglais quand il fit le voyage d'Alger vers les Etats-Unis en 1975. Naturalisé américain, marié à une pédiatre algérienne et père de trois enfants, il dirige, depuis 2002, les NIH, la plus grosse agence de moyens scientifiques du monde, avec un budget annuel de 29 milliards de dollars (pour 300 millions d'habitants).
Les 27 centres de recherche des NIH emploient 37 000 scientifiques et contribuent à financer les travaux de quelque 300 000 chercheurs aux Etats-Unis et à travers le monde (110 pays) par l'intermédiaire de bourses. Environ 60 % du budget est consacré à la recherche fondamentale, 40 % à la recherche appliquée, précise le Dr Zerhouni. Les NIH soutiennent 90 % de la recherche biomédicale aux Etats-Unis, avec des investissements croissants dans les domaines de pointe comme le génome humain. «Les cinquante dernières années nous ont permis de comprendre les composants de la machine génétique. Aujourd'hui, l'enjeu est de comprendre le logiciel de ces composants», a-t-il souligné.
Huit brevets.
Diplômé de l'école de médecine d'Alger, Elias Zerhouni a rejoint le département de radiologie de la Johns Hopkins University, à Baltimore, et en a franchi les échelons jusqu'à en devenir le directeur. «J'avais envisagé la France, mais ma famille me l'a déconseillé» : trop de rigidité, trop de mandarins, trop d'opinions préconçues, à l'inverse des Etats-Unis. «Je ne suis pas un politicien, je n'ai pas de réseau, d'ailleurs je suis indépendant, ni démocrate ni républicain. En plus, je suis arabe et musulman, tous les préjugés auraient pu jouer contre moi», indique le Dr Zerhouni. Radiologue et inventeur, il détient huit brevets qui lui assurent une fortune personnelle. Lorsqu'on lui demande les clés de sa réussite professionnelle, son regard précède son verbe : «ma femme». «Je n'ai pas fait de planification mais j'ai eu la chance d'avoir des conditions personnelles favorables et de travailler avec des mentors dynamiques dans une grande université», répond celui qui approuve l'autonomie des universités. «Tout n'est pas simple, mais il y a, aux Etats-Unis, une grande mentalité d'ouverture», conclut le Dr Zerhouni, lequel envisage, à terme, son retour en Algérie.
* Informations sur : nih.gov.
Accord de formation entre les NIH et le CNRS
Arnold Migus, directeur général du CNRS, et Elias Zerhouni, directeur des National Institutes of Health (NIH) américains, veulent créer un programme de formation de jeunes chercheurs postdoctorants. Ce programme multidisciplinaire permettra à de jeunes chercheurs français, doté d'un doctorat, de passer trois années dans un des laboratoires intra-muros des NIH, rémunérés par l'organisme américain, puis de revenir dans un laboratoire français en étant alors payés par le CNRS pendant deux ans.
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