Pourquoi les enfants ne rêvent-ils jamais de devenir directeur de cabinet ? Le métier serait-il si ingrat, toujours au service de l’État et de son ministre, loin de la lumière ? Avec au final le troc d’une ambition, voire de son destin contre la magie ou l’illusion du pouvoir. À ces images clichés, Bruno Maquart, directeur de cabinet de Marisol Touraine, oppose un flagrant démenti. En situation, quelle que soit l’importance de l’évènement, il promène un regard gourmand prêt à croquer avec ravissement tout ce qui participe à la comédie du pouvoir. Selon le moment acteur et observateur, c’est bien cette fonction de dircab qui lui permet d’embrasser tous ces rôles. Au sens propre. Cet appétit s’est traduit il y a quelques années par le désir de faire l’acteur. Bruno Maquart avait sollicité le grand réalisateur israélien Amos Gitaï afin de jouer devant sa caméra. Vivre comme les comédiens plusieurs vies, changer de rôle, c’est sans nul doute l’un des moteurs qui animent ce diplômé d’une grande école d’ingénieur agronome après avoir été un élève des jésuites de la célèbre sainte Ginette (Sainte-Geneviève) à Versailles. Mais doté du statut d’ancien élève de l’Ena, l’aventure ne se révèle pas si dangereuse. Elle permet à chaque fois de tutoyer les sommets. Ainsi, après une première expérience de cabinet ministériel avec Martine Aubry, le jeune homme décide de changer d’horizon. Il sera rapidement nommé à la direction générale du centre Georges-Pompidou. Pendant plus de six ans, c’est comme une vie d'artiste, le bonheur de travailler avec de grands créateurs, voire des génies hors norme comme Jean-Luc Godard. Pour le meilleur et pour le pire.
Plus tard, aux confins de l’art et de la politique, Bruno Maquart se voit confier la mission de mener à bien les négociations avec les Émirats arabes unis afin de créer un Louvre à Abou Dabi.
Aujourd’hui, cette passion pour l’art est encore toute vive, inflammable. Elle ne relève pas du passe-temps ou de la posture, mais plutôt de l’engagement pour l’art moderne. Celui qui abolit le culte du beau, de l’émotion esthétique, les frontières entre l’art et la vie. À son domicile, Bruno Maquart ne nourrit pas seulement des poissons. Il accroche sur ses murs quelques œuvres contemporaines. Dans son bureau de haut fonctionnaire avenue-de-Ségur, ce compagnonnage avec l’art contemporain se réduit à un clin d’œil, le No Smoking de George Brecht, l’un des membres fondateurs du groupe Fluxus, mouvement d’avant-garde créé dans les années soixante qui cultivait la dérision et l’humour. Ici plus que le titre compte la signature de l’auteur. Quant à l’esprit de sérieux, on devrait vérifier s’il ne dissimule pas en vérité un trompe-l’œil entre la rigueur et la créativité, la politique et le réel, le pouvoir et son illusion.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature