AU LYCÉE, Myriam, Alice, Claire, Jeanne, Olivier, Oscar, Eric et François étaient inséparables. Jusqu’au jour où Olivier, sortant un revolver de sa poche, avait proposé de jouer à la roulette russe et que François Chopin, avant que les autres aient eu le temps de réagir, s’était fait sauter le crâne. L’« accident » – la thèse officielle – avait immédiatement amené la dislocation du groupe et si certains, par la suite, ont gardé des contacts sporadiques, Myriam, elle, n’a plus eu aucune nouvelle de ses anciens amis après qu’elle eut épousé Olivier, le responsable du drame.
Aussi, le jour où elle croise par hasard le chemin d’Alice, la décision est-elle vite prise de réunir les anciens du « clan ». Myriam, romancière en panne d’inspiration et mère d’une charmante Edmée, a fort à faire avec à demeure son père atteint de la maladie d’Alzheimer ; Alice, inconsolable depuis que son mari est mort gelé au cours d’une course en montagne, est devenue psychiatre, mais elle est impuissante à mettre un terme au mutisme de son fils aîné ; Claire a brillamment réussi dans les affaires, mais elle est tétraplégique à la suite d’un accident de voiture ; quant à Jeanne, restauratrice, elle vient de tuer accidentellement, d’un coup de tire-bouchon, le chef de son restaurant, qui était aussi son mari. On voit que le bilan n’est pas réjouissant, même si l’auteur traite ces tragédies de la vie comme des péripéties. Les garçons, devenus des hommes, s’en sortent mieux, puisque d’Eric, aujourd’hui dessinateur, et d’Oscar, avocat, on n’apprendra pas grand-chose. Olivier, lui, est descendu le jour de la naissance d’Edmée acheter des cigarettes (ou autre chose) et n’est jamais revenu.
Or voilà que, à quelques jours du fameux dîner de retrouvailles, Olivier réapparaît et rôde sous les fenêtres des uns et des autres. Dans quel but ? Veut-il se venger ? Et de qui ? Si tous lui reprochent la mort de leur ami, chacun semble aussi avoir quelque chose à se reprocher.
Béatrice Shalit nous entraîne alors dans un chassé-croisé de rencontres et de coups de téléphone à la mesure de l’affolement grandissant des protagonistes... qui n’en perdent pas pour autant leur humour. Car le roman est décidément placé sous le signe du rire, et quelles que soient les situations les plus tragiques, il n’est pas question de se lamenter, tout au plus de laisser transparaître un peu d’émotion. On est ainsi particulièrement sensible au personnage du vieux monsieur toujours séduisant qui perd la tête. Entre le pleur et le rire.
Editions Julliard, 186 p., 19 euros.
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