QUAND ON NE REÇOIT que des enfants, la salle d’attente n’est pas un lieu neutre. Elle joue un rôle, dans l’accueil du jeune patient, mais aussi à l’extérieur du cabinet médical. Pour le pédiatre, d’un côté, elle peut (ou doit) servir de lieu d’information pour les messages d’éducation sanitaire ; de l’autre, elle peut tenir sa place dans l’apaisement du stress du jeune consultant grâce aux jouets.
« Mettre de quoi s’amuser à la disposition des enfants, explique le Dr Sylvie Dieu-Osika, (Rosny-sous-Bois, 93), permet de faire diminuer leur tension avant la consultation. Pourtant, la salle d’attente devrait être austère. Les jouets sont un agent de transmission, virale ou autre. Un rotavirus ou un adénovirus survit plus de 12heures sur un milieu inerte. Alors le choix est difficile. La raison serait de ne pas en mettre et de suggérer aux parents d’apporter les jouets. Le mieux est que le consultant attende le moins possible.» Certains pédiatres ont choisi le côté austère, d’autres le côté ludique.
En revanche, la plus grande majorité de ces spécialistes s’accorde sur la salle d’attente comme lieu d’éducation sur la santé. «Que font exactement les pédiatres dans le domaine de la prévention?», s’est demandé le Dr Jacqueline Kemeny (Fontenay-aux-roses, 92). C’est ainsi qu’est née l’idée d’une enquête. Avec des membres d’Arepege (Association pour la recherche et l’enseignement en pédiatrie générale), ils ont interrogé, en septembre 2001, par voie de questionnaire, 81 pédiatres et 1830 parents de jeunes patients.
Quatre-vingt-onze pour cent des salles d’attente de pédiatres.
L’enquête a été menée sur trois jours. Le premier constat est une confirmation : 91 % des salles d’attente de pédiatres proposent des messages d’éducation sanitaire. Il s’agit d’affiches, de dépliants, de présentoirs ou de classeurs de diverses origines (publiques ou privées).
Les réponses des pédiatres ont permis de classer les messages affichés selon leur présence. Les plus fréquents (plus de 60 % des cas) portent sur les vaccins, les accidents de l’enfant, l’hygiène, l’alimentation, les méfaits du tabac et du soleil. Viennent ensuite (dans 40 à 60 % des cas) le mode de couchage, la fièvre, la bronchiolite, la diarrhée et les allergies. Dans moins de 40 % des cas, enfin, se trouvent des messages sur la maltraitance, les voyages, les antibiotiques, le sida et autres IST.
Côté parents, lorsqu’il leur est demandé de préciser, arrivés chez eux, ce qu’ils ont mémorisé, les messages les plus cités portent sur l’alimentation, la maltraitance (pourtant peu affichée), l’antibiothérapie, l’hygiène, le sida et autres IST. La prévention solaire (très souvent affichée) et les conseils au voyageurs sont envoyés aux oubliettes.
L’enquête a permis de découvrir que dans 14 % des cas l’information lue dans la salle d’attente a débouché sur des interrogations spontanées auprès du médecin. Elle constate également que le nombre de messages retenus n’est pas directement lié au temps passé à attendre. Mais le nombre de messages cités par les parents est plus élevé lorsqu’il s’agit de patients connus du cabinet.
Surpris du dépouillement, les auteurs constatent l’affichage restreint des messages sur le couchage du nourrisson (58 %). Il est vrai qu’ils encadrent fortement les premières semaines de vie (conseils à la maternité, première consultation, carnet de santé).
Assathiany R, Kemeny J, Sznajder M, Hummel M, van Egroo LD, Chevallier B et l’Arepege, « Archives de Pédiatrie », 12 (2005), 10-15.
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