Avec le dépistage de masse du cancer colorectal et la grande fréquence des polypes après 65 ans, les coloscopies sont appelées à augmenter. Est-il possible de ne pas faire d’analyse de polypes sans faire peser de risques sur les patients ? C’est la question à laquelle a réfléchi le Dr Bernard Denis (Colmar). « L’examen anatomo-pathologique est une charge importante pour le pathologiste Elle n’est intéressante que si elle change la prise en charge, le traitement ou le rythme de la surveillance », a-t-il mentionné en préambule. Il faut rappeler que le nombre, la taille des polypes et le type histologique jouent un rôle important dans le risque de récidive ou d’évolution vers le cancer. S’y ajoutent les antécédents familiaux des patients.
Nouvel éclairage
Une étude rétrospective et un travail prospectif ont permis d’apporter un nouvel éclairage sur la taille des polypes à enlever. L’étude rétrospective portait sur 4 360 polypes. 54 % faisaient moins de 5 mm, 14,5 % mesuraient entre 3 et 6 mm et 31,5 % plus de 10 mm. Près d’un tiers des polypes de 6 à 9 mm était des adénomes avancés à risque évolutif de cancer, près de 90 % des tumeurs de plus de 10 mm avaient cette caractéristique histologique. L’étude a ainsi conclu que les tous les polypes de 6 mm devaient être analysés. L’étude prospective a porté sur 355 polypes réséqués durant 175 coloscopies. Dans 50 % des cas, il s’agissait de la première coloscopie. 75 % des polypes étaient d’une taille inférieure à 5 mm, 10 % étaient entre 6 et 9 mm et 15 % dépassaient le centimètre. L’examen anatomopathologique était nécessaire pour déterminer la date de surveillance chez 24 % des patients et modifiait la date proposée par le clinicien dans 8,6 % des cas. « Il n’avait aucun impact sur la date de surveillance dans deux tiers des cas », résume le spécialiste. En tout cas, un endoscopiste élimine à coup sûr un diagnostic de cancer sur polype. Tous les polypes de plus de 5 mm doivent être analysés. En revanche, les polypes de moins de 5 mm associés à un cancer colo-rectal ou à un polype de plus de 10 mm ou survenant à un très grand âge peuvent ne pas être analysés sans risque pour le patient. « Pour ma part, je pense qu’il est possible de faire un score endoscopique sur le nombre, l’aspect macroscopique et les antécédents », complète le Dr Denis.
Le développement de la coloscopie virtuelle ou coloscanner pose aussi ce problème de vérification histologique des polypes de 6 à 9 mm. Une étude française a récemment pointé 15,6 % de dysplasies de haut grade parmi les adénomes de 6 à 9 mm. Aux États-Unis où la coloscopie virtuelle est proposée, aucun consensus n’a été trouvé sur la meilleure attitude à adopter entre un nouveau coloscanner ou une coloscopie standard en cas de découverte d’un polype entre 6 et 9 mm. L’étude faite à l’hôpital Cochin a porté sur 1 468 patients âgés en moyenne de 60 ans. L’équipe retrouve 35 % d’adénomes avancés mais seulement 4 % de dysplasie de haut grade dans le groupe des polypes de 6 à 9 mm. « Ces résultats nous conduisent à demander une coloscopie optique pour les polypes de 6-9 mm », a précisé le Dr Ulriikka Chaput.
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