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LE PLOMB est très souvent présent dans le réseau de distribution de l'eau, de moins en moins sur le réseau public, mais encore très souvent du branchement jusqu'aux robinets des particuliers, indique le Pr Hartemann. L'agressivité de l'eau fait la différence : dans le Massif central, les Vosges et en Bretagne, l'eau acide attaque les canalisations en plomb, alors que les eaux calcaires forment des couches protégeant ces canalisations. De fait, les plombémies moyennes sont significativement supérieures chez les enfants vivant dans les zones urbaines des régions dont l'eau est acide.
Si la pose de canalisations au plomb est interdite depuis 1995 et si la pollution à la source est bien maîtrisée, il reste d'importants problèmes à régler pour les particuliers : on estime qu'entre 2 et 10 millions de logements ont des réseaux intérieurs contenant du plomb, chiffre qui atteint ou dépasse quatre millions pour les branchements.
La nouvelle directive européenne (3/11/1998) rend le problème encore plus criant en imposant à partir de 2013 une concentration en plomb au robinet limitée à 10 μg/l (en moyenne hebdomadaire, sur la base de l'alimentation du nourrisson), contre 25 μg/l actuellement. Cette évolution, qui se heurte à diverses difficultés techniques, pourrait coûter entre 10 et 20 milliards d'euros, dont environ 80 % pour la rénovation des installations privées.
Les réponses du Syndicat des eaux d'Ile-de-France.
Le Syndicat des eaux d'Ile-de-France s'organise pour relever le défi que représente cette directive, explique le directeur général des services techniques, Jacques Cavard. Ce syndicat exerce la compétence eau potable dans 144 communes réparties dans 7 départements, soit 4 millions de consommateurs. Il est propriétaire des installations et son budget est de 470 millions d'euros, dont 150 d'investissement. Trois usines principales (Choisy-le-Roi, Neuilly-sur-Marne, Méry-sur-Oise) produisent 820 000 m3 par jour, acheminés par 8 700 km de réseau.
Le respect des exigences sanitaires demande un suivi à chaque étape. Les rivières sont surveillées en permanence et les prises d'eau sont protégées, mais il faut retirer des particules, des colloïdes, des substances dissoutes, des gaz, des micro-organismes... Une technique multibarrière est utilisée : prétraitement physique (barrages flottants, dégrillage, tamisage), clarification (coagulation, décantation, filtration sur sable), affinage (ozone et filtration sur charbon actif en grains, nouvelles techniques de membrane), postdésinfection (avec effets bactéricide et bactériostatique)...
A ce travail complexe et coûteux, la nouvelle norme européenne ajoute des contraintes considérables, car 225 000 branchements (40 % du parc) contiennent du plomb. Pour respecter le seuil de 10 μg/l, il faut remplacer tous ces branchements, ce qui ne peut être fait que progressivement, à raison de 20 000 branchements par an, pour un budget annuel de 50 millions d'euros, la priorité étant donnée aux branchements longs (> 6,4 m).
En attendant la fin des travaux, le recours à l'acide orthophosphorique a été autorisé dans deux des usines du syndicat : l'ajout d'une faible quantité d'acide entraîne la formation d'un film sur les parois des canalisations, ce qui limite la dissolution du plomb (- 50 %) et permet de respecter le seuil de 25 μg/l dans les canalisations inférieures à 13 m. L'utilisation de l'acide orthophosphorique sera transitoire et très contrôlée. Elle a l'avantage de limiter la libération de plomb à partir des canalisations privées comme des branchements (or il n'y a pas d'incitation pour favoriser le remplacement des parties privées...).
C'est donc en 2013 que la nouvelle norme européenne s'appliquera sur tout le réseau du syndicat. Pour cela, il aura fallu dépenser entre 500 et 550 millions d'euros, M. Cavard laissant aux experts le soin d'apprécier le rapport coût/efficacité de cette transformation en termes de santé publique.
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