A GENÈVE, pourtant dotée d'une longue tradition gériatrique et d'importantes institutions, la prise en charge des malades atteints de démence souffre de graves lacunes. C'est ce que montre une enquête nationale de l'association Alzheimer Suisse réalisée auprès de 595 soignants et institutions du canton : le diagnostic n'a été fait que pour 32 % des 4 900 personnes atteintes de démence recensées dans cette enquête, 74 % des personnes n'ont pas eu accès aux traitements médicamenteux spécifiques et les malades vivant à la maison n'utilisent pas les soins à domicile.
Ces résultats seront présentés le 22 septembre à Lyon par le Pr Charles-Henri Rapin, médecin gériatre de l'université de Genève, et le Dr Bernard Croisile, neurologue au CHU de Lyon, lors d'une conférence-débat destinée aux professionnels, l'une des manifestations organisées du 20 au 24 septembre sur l'Alzheimer et les maladies apparentées*.
Les intervenants mettront l'accent sur l'importance du diagnostic précoce muni d'une information adaptée, afin de donner au malade, la possibilité d'établir des directives anticipées. « Poser le diagnostic, c'est faire en sorte que les droits de ces personnes soient respectés le jour où elles ne pourront plus s'exprimer par elles-mêmes », souligne le Pr Rapin.
« Le diagnostic de la démence relève un peu de l'inspiration des gens, en fonction de leur parcours professionnel et de leur propre expérience », poursuit le gériatre. Certes, il existe en Suisse comme en France des consultations mémoire, comme il y a des consultations douleur, mais elles ont pour caractéristique commune la file d'attente qui en bloque l'accès. « Si nous voulons être démocratique, il faut être plus systématique », estime Charles-Henri Rapin. L'une des premières mesures efficaces à prendre serait, selon lui, de systématiser le MMS (Mini Mental Score). « Dans ce sens, il suffirait probablement de former les médecins à utiliser systématiquement le MMS, puis de les mettre régulièrement à niveau comme on le fait pour la prescription d'antibiotiques, par exemple. » Une pression dans ce sens pourrait d'ailleurs venir des patients eux-mêmes : « Le fait que l'association Alzheimer Suisse ait réalisé un tel état des lieux signifie que les malades sont en train de prendre les choses en main », se réjouit le Pr Rapin. En parallèle, les professionnels de santé ont pris conscience de l'urgente nécessitée d'engager des actions concrètes. C'est ainsi que le G3 - Groupe genevois des gériatres - récemment créé, propose à ses membres une formation à la détection et au diagnostic de la maladie d'Alzheimer.
* A l'initiative du groupe AG2R, avec plusieurs partenaires institutionnels et associatifs - la Ville de Lyon, la caisse régionale d'assurance-maladie Rhône-Alpes (Cram), la caisse primaire d'assurance-maladie de Lyon, le Crias, l'association France Alzheimer Rhône.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature