Les médecins et les psychiatres ont les premiers dit l’intérêt de Sade, note Michel Delon dans un recueil best off qui reprend en un volume les œuvres les plus célèbres du Divin Marquis. Mort le 2 décembre 1814, cette année de bicentenaire s’achève par de nombreuses rééditions et une exposition au Musée d’Orsay dont on ne se lasse pas du titre Attaquer le Soleil, emprunté aux 120 Journées de Sodome. Réalisée par la spécialiste de Sade, Annie Le Brun, elle nous invite à franchir le mur entre l’humain et l’inhumain, le dévoilement et l’infâme, le désir et la cruauté. Articulées autour du XIXe siècle, mais avec de larges incursions au XXe siècle, les œuvres rassemblées se frottent à une matière inflammable, le vertige insondable de la cruauté de l’homme. Les médecins ont dans ce domaine une certaine avance sur les « honnêtes gens ». Grâce à l’excuse de l’anatomie, ils ouvrent les corps, arpentent les profondeurs et révèlent ce qui est invisible. Sous couvert de sciences, ces explorateurs doivent bien éprouver la sensation de manier parfois l’interdit et y trouver un plaisir. Une section de l’exposition est ainsi consacrée aux cires et planches anatomiques. Y aurait-il une proximité entre l’art chirurgical et le coït ? Pour Charles Baudelaire, l’analogie est évidente. « Il y a dans l’acte d’amour une grande ressemblance avec la torture, ou avec une opération chirurgicale. » Pour autant, la visite de l’exposition ne provoque pas le choc que produit la lecture de cet athée en amour selon le titre d’une autre exposition qui se déroule actuellement à la Fondation Martin-Bodmer (Suisse). Certes, le visiteur est invité en permanence à plonger son regard dans les œuvres présentées à travers les mots de Sade. Et la rencontre se révèle explosive, indispensable, comme le confirme le catalogue de l’exposition du musée d’Orsay. Mais elle n’est jamais insoutenable. Dans un essai lumineux réédité en collection Folio, Annie Le Brun raconte le séisme ressenti à la lecture des 120 journées, « l’intolérable excès de ce texte ». L’image du volcan qui éblouit et sidère le lecteur est reprise dans les deux catalogues. Sade nous avait pourtant prévenus : « Je ne suis pas consolant, moi (…), je suis vrai… »
Le Diable…
Publié le 06/12/2014
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Sade, Attaquer le soleil, Annie Le Brun, Musée d’Orsay, Éd. Gallimard, 336 p. 350 illustrations en couleurs, 46 euros, Sade, un athée en amour, sous la direction de Michel Delon, Fondation Martin-Bodmer, Éd. Albin Michel, Sade, Justine et autres romans, Bibliothèque de la Pléiade, Éd Gallimard, 1 152 pp., 60 euros. Soudain un bloc d’abîme, Sade, Annie Le Brun, collection essai Folio.
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Source : Décision Santé: 299
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