Stéatose hépatique, cancer, insuffisance pulmonaire...

Le diabète, cause ou conséquence ?

Publié le 29/06/2006
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66e Session de l'American Diabetes Association(ADA)
9-13 juin- Washington

L’ASSOCIATION d’un diabète et d’une stéatopathie non alcoolique, décrite il y a vingt-cinq ans, est très étudiée depuis une dizaine d’années. Elle se caractérise par une stéatose hépatique et, chez certains sujets, par une composante inflammatoire réalisant une stéato-hépatite. Celle-ci peut conduire à la cirrhose, puis au carcinome hépatocellulaire.

Il convient d’éliminer l’intervention d’autres facteurs étiologiques, comme l’alcool, les virus ou les médicaments ; ces interférences possibles rendant difficile l’interprétation des résultats des études prospectives. Quoi qu’il en soit, un lien entre diabète et hépatite C semble pouvoir être établi. Les données de NHANES III montrent une augmentation de la fréquence du diabète chez les patients porteurs d’une hépatite C. L’atteinte virale entraîne une insulinorésistance, une inflammation et une dysfonction des cellules bêtapancréatiques chez les personnes vulnérables. L’évolution se fait vers la fibrose, avec une inflammation portale, une stéatose, puis un diabète. Par ailleurs, la cirrhose est une cause connue de diabète. Quatre-vingts pour cent des patients avec une cirrhose ont une insulinorésistance, de 20 à 63 % développent un diabète. L’existence d’un syndrome métabolique prédit une stéatopathie hépatique : en cas de syndrome métabolique, le risque relatif de Nafld est de 4 chez l’homme et de 10 chez la femme (« Ann Int Med » 2005 ; 143 : 722-728). Les patients avec des transaminases élevées développent une intolérance au glucose et un diabète.

Hypoxie et intolérance au glucose.

De la même façon, il existe un lien entre insuffisance pulmonaire et diabète. Les données de la cohorte Framingham montrent une corrélation entre diabète et diminution de la fonction pulmonaire (diminution du Vems, de la capacité vitale et de la capacité de diffusion du CO). Une relation entre l’altération de certains paramètres spirométriques et les quantiles glycémiques a été mise en évidence. Toutefois, dans la Copenhagen City Heart Study incluant 17 500 patients suivis entre 1976 et 1994, le déclin progressif dans le temps des paramètres spirométriques était identique chez les diabétiques et les non-diabétiques.

Dans l’étude NHANES I, l’incidence du diabète n’est pas augmentée en cas d’atteinte obstructive, mais semble l’être dans les insuffisances respiratoires restrictives. Par ailleurs, l’altitude entraîne une réduction de la sensibilité à l’insuline : Braun et coll. ont montré que, à 4 300 mètres, la sensibilité à l’insuline diminue de 63 %.

Chez l’animal, des conditions d’hypoxie engendrent une insulinorésistance. Enfin, il pourrait exister un lien entre apnées du sommeil et diabète. L’indice Homa de sensibilité à l’insuline a pu être corrélé à la sévérité des apnées. Celles-ci sont également responsables d’anomalies lipidiques. Le traitement des apnées du sommeil par respiration en pression positive améliore la sensibilité à l’insuline et contribue à améliorer l’équilibre glycémique des patients diabétiques.

Enfin, les liens entre cancer et diabète méritent également d’être examinés. Ces deux pathologies – tout comme les maladies cardio-vasculaires – ont en commun de nombreux facteurs de risque, qu’ils soient d’ordre comportemental (alimentation riche en AGS, pauvre en fibres, en fruits et en légumes ; sédentarité ; adiposité abdominale) ou biologique (insulinorésistance, inflammation, défauts de certaines hormones régulatrices). Selon l’OMS, 20 % des cancers seraient liés à l’obésité et à la sédentarité. Les données épidémiologiques mettent en évidence une corrélation entre le diabète et le cancer du sein chez la femme après la ménopause, le cancer colo-rectal, le cancer de l’endomètre, le cancer du pancréas et celui de la prostate. Outre leur association fréquente, diabète et cancer rejaillissent l’un sur l’autre.

La réduction d’activité physique, la sarcopénie avec augmentation de l’adiposité musculaire dues au cancer aggravent le diabète. A l’inverse, l’existence d’un diabète augmente la mortalité et la morbidité du cancer, ainsi que les récurrences des tumeurs mammaires. «La lutte contre l’obésité et l’insulinorésistance peut être un objectif commun à la prévention de ces pathologies», a indiqué T. Byers.

D’après les communications de Jeanne M. Clark (Baltimore), Naresh Punjabi (Baltimore) et Timothy Byers (Baltimore).

> Dr D. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7990