ÊTRE UN MAILLON de la chaîne historique du jazz pourrait apparaître comme un fardeau trop lourd à porter pour certains. Surtout quand une carrière s'étend sur plus de six décennies. Pas pour Roy Haynes ! À 83 ans, le batteur, plus que jamais, assume son extraordinaire passé et se positionne, à la tête de sa formation actuelle, composée de jeunes éléments brillants, comme une sorte de patriarche. Car il est à la fois héritier et donateur.
Héritier en droite ligne des batteurs emblématiques et fondateurs de la révolution be-bop – Max Roach, Art Blakey et Kenny Clarke –, il a la chance unique d'approcher et de battre pour quasiment tous les grands noms du jazz. Depuis ses débuts à New York avec Louis Russell (1945), ses rencontres avec Lester Young, Charlie Parker, Thelonious Monk, sa longue collaboration avec la chanteuse Sarah Vaughan (1953-1958), son bref passage de quelques mois, en remplacement du tellurique Elvin Jones, dans le Quartet de John Coltrane (1963), son alternance de prestations avec des jazzmen aussi différents en style que Louis Armstrong, Éric Dolphy, Stan Getz, Art Pepper, Chick Corea, Pat Metheny, Dizzy Gillespie, Gerry Mulligan, Gary Burton, Sonny Rollins ou encore Miles Davis, voire le groupe de rock sudiste Allman Brothers… En fait, il vaudrait mieux faire la liste des leaders avec qui il n'a pas joué ! Donateur car il apporte désormais à la jeune génération la diversité de ses expériences et son drumming toujours aussi flamboyant, rapide et adaptatif.
La sortie prochaine (27 octobre) de son dernier album, « Whereas » (Dreyfus Jazz/Sony Music), enregistré en direct au club Artists' Quarter de Saint Paul dans le Minnesota en 2006, témoigne de la façon dont Roy Haynes transmet son héritage et sublime ses accompagnateurs sur des standards du jazz. Comme il le clame lui-même : «Je ne suis pas un métronome», mais certainement le dernier grand roi de la batterie moderne.
Paris, Duc des Lombards, 25 et 26 octobre (concerts à 20 h et 22 h) ; Tourcoing, 22 octobre ; Toulouse, 23 octobre ; Nîmes, 24 octobre.
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