SANS DOUTE faut-il voir, dans le plan que vient de présenter Philippe Bas pour lutter contre les violences hospitalières, la réponse à l'opération commando qui a eu lieu aux urgences de Saint-Denis le 9 avril pour arracher à la police un prévenu blessé (« le Quotidien » du 13 avril).
Un coup de feu était parti, sans faire de blessé, fort heureusement. Mais la scène, par sa violence et son caractère exceptionnel, a marqué les esprits.
Le ministre de la Santé s'était rendu sur les lieux le lendemain : aux soignants sous le choc, il avait promis une riposte à la hauteur de l'infraction.
C'est donc chose faite, avec le plan d'action présenté à la fin de la semaine dernière. Rappelant que, à l'hôpital, «la violence n'a pas droit de cité», Philippe Bas annonce cinq mesures. Il est question de généraliser les partenariats entre établissements de santé et forces de l'ordre, d'intégrer la sécurité dans chaque projet d'établissement, de renforcer les équipements de sécurité (éclairages, vidéosurveillance, bips individuels, etc.), mais aussi de mieux former les professionnels de santé pour faire face à la violence.
Où est la nouveauté ? La question se pose, quand on se souvient que ces mesures figuraient déjà dans le protocole d'accord signé en août 2005 par les ministères de la Santé et de l'Intérieur (Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy étaient alors en poste).
Piqûre de rappel.
On peut supposer que Philippe Bas, par cette piqûre de rappel, tente de redynamiser un programme qui tarde à se généraliser : à ce jour, quelque 350 établissements de santé ont signé un protocole avec la police locale pour réduire les agressions dans leur enceinte.
Cela ne représente qu'un établissement sur dix en France : peut mieux faire, donc. Peut-être Philippe Bas tente-t-il aussi de faire les yeux doux au nouveau chef de l'Etat, en plaçant la sécurité au coeur de sa dernière opération de communication avant le changement de gouvernement.
On relèvera tout de même un axe inédit dans le plan ministériel : Philippe Bas envisage d'étendre les partenariats police-santé aux professionnels installés en ville (maisons médicales, centres de soins, pharmacies…). A ce propos, le ministre déclare que ces partenariats «pourraient prévoir, par exemple, la mise en place d'un dispositif prioritaire de surveillance (rondes et patrouilles) et le déclenchement d'alerte des forces de l'ordre dans les zones sensibles ou en cas de situation signalée».
Voilà qui ne mange pas de pain, puisque le sujet est renvoyé à une consultation ultérieure. Philippe Bas aura quitté son fauteuil ministériel le jour où se tiendra la consultation, mais au moins pourra-t-il se prévaloir d'avoir mis le problème sur la table avant son départ.
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