AUTORITAIRE et dotée d'un franc-parler dévastateur, d'un «calme imperturbable et (d'une) juvénile crânerie» qui lui valurent la Légion d'honneur à titre militaire, en tant que médecin auxiliaire dans les campagnes de France et d'Allemagne lors de la Deuxième Guerre mondiale, Solange Troisier, décédée à l'âge de 89 ans, est «un personnage». L'appréciation est de Jacques Chirac, qui l'élève à la dignité d'officier de la Légion d'honneur (1996). À commencer par la Résistance dans le réseau Eleuthère, elle s'illustre sur de multiples fronts. Elle se distingue comme première femme médecin accoucheur des Hôpitaux de Paris, donnant naissance à plus de 25 000 enfants.
Députée UDR de Sarcelles dans le Val-d'Oise (1968-1973), à la demande de de Gaulle, Solange Troisier s'installe tout naturellement en politique. Elle y défend les femmes, notamment les mères célibataires et le principe « à travail égal, salaire égal », et lutte contre les mutilations sexuelles. Dans le même temps, elle prend en charge les rênes de l'ordre des sages-femmes (1970-1983). Chirurgien gynécologue à la prison pour femmes de la Petite Roquette, à Paris, où sa forte personnalité en fait le «saint Just des prisons», elle devient médecin-inspecteur général de l'administration pénitentiaire (1973-1983), fonction qui sera supprimée par Robert Badinter. Pour Jacques Chirac, elle mène, à ce poste, «malgré bien des difficultés, un combat exemplaire». Ses détracteurs, eux, retiennent sa décision de faire alimenter de force, par perfusion, des détenus corses grévistes de la faim (1981). Et, lors d'une réunion de soutien à Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988, elle qualifie de «cure d'amaigrissement» le jeûne carcéral de l'ex-terroriste d'Action directe Nathalie Ménigon.
Professeur de médecine légale, pendant plus d'une décennie, jusqu'en 1989-1990, elle prépare une centaine de praticiens par an au diplôme de 3e cycle de médecine pénitentiaire. En 1996, elle entre pour cinq ans au Comité national d'éthique.
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