On ne dira jamais assez combien la fièvre médiatique au sujet de l'audition du président de la République est ridicule.
Voilà que « Paris Match », champion toutes catégories des sujets sans intérêt, remet ça : il a trouvé une photo datant de quelques mois sur laquelle il croit avoir décelé l'ombre d'une prothèse dans l'oreille du chef de l'Etat. Il a interrogé un spécialiste qui confirme l'hypothèse avancée par l'hebdomadaire. Nul doute que le rétablissement de la vérité, après les « mensonges » ou les silences de l'Elysée, grandit l'hebdomadaire, qui pose là un vaste problème dont dépend l'avenir de la France.
L'oreille de M. Chirac a donné lieu à un feuilleton sans précédent : ministre de l'Environnement, Roselyne Bachelot a cru bon de dire qu'il lui semblait bien que M. Chirac portait une prothèse auditive, ce qui lui a valu une lapidation verbale, mais à voix basse, du président. A la sortie d'un conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a dit le contraire de l'évidence, à savoir que M. Chirac ne portait pas de prothèse, point final. Puis, des « sources » de l'Elysée, sans doute effrayées à la fois par la vérité et par le mensonge, ont préféré suggérer que le président avait essayé une prothèse, mais n'en avait pas voulu. Sage précaution, car la preuve administrée par « Paris Match » est ainsi relativisée : peut-être le président l'a-t-il portée il y a quelques mois, mais il ne la porterait plus aujourd'hui.
Si M. Chirac veut paraître plus jeune que son âge, c'est son affaire. Porter une prothèse auditive n'est pas plus honteux que porter des lunettes. Et cette affaire ne soulève aucun problème de fond sur la santé du président de la République. A la suite des bulletins de santé mensongers que Mitterrand faisait publier par son médecin, M. Chirac, élu en 1995, a annoncé d'emblée qu'il n'en publierait jamais.
Nous pensons qu'un chef d'Etat doit à son pays un minimum de transparence en ce qui concerne sa santé personnelle parce qu'il a des comptes à rendre au peuple, ce qui n'est pas le cas de presque tous les autres citoyens, qui bénéficient du secret médical. Mais nous ne croyons pas du tout qu'un défaut d'audition gêne de quelque manière que ce soit l'activité du président. Et nous souhaitons que les marchands de papiers cessent de faire un filon de l'oreille du président.
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