LA MEDECINE EN 2003
Une douzaine de départements pilotes ont été retenus au début de 2002 pour participer au dépistage systématique du cancer colo-rectal. Mais le démarrage effectif de ces sites a été ralenti par des considérations budgétaires et notamment par des longues négociations avec les caisses d'assurance-maladie concernant la rémunération des médecins participant à la campagne de dépistage. Il a donc fallu attendre près d'un an pour que les médecins soient assurés d'une rémunération en fonction du nombre de tests lus. « Rémunération symbolique, commente le Pr Jean Faivre, président de la Société nationale française de gastro-entérologie, car les médecins souhaitaient surtout une reconnaissance de leur activité en santé publique. » Pour tous les sites initialement sélectionnés pour leur capacité à répondre au cahier des charges, les syndicats médicaux ont donné leur accord sur la rémunération, dans l'attente de la nouvelle convention qui doit mieux prendre en considération l'activité de santé publique des médecins.
Près d'une vingtaine de sites sont actuellement opérationnels ou se préparent à l'être. Dès lors, les autorités sanitaires attendent le retour des actions menées en 2003 pour pouvoir adapter le cahier des charges et sélectionner des nouveaux départements en fonction des expériences acquises, ce qui est logiquement prévu d'ici la fin de l'année 2004.
La mission des structures de gestion du dépistage
Le pivot central de l'organisation de cette campagne de dépistage est assuré par une structure de gestion du dépistage, présente dans tous les départements tests. Cette structure a pour mission de former les médecins, de récupérer les fichiers de population auprès des caisses d'assurance-maladie, d'organiser les centres de lecture, d'informer le public et les médecins, et d'assurer toute la logistique de la campagne (envoi des courriers, remise des tests aux médecins, d'affiches et de documents pour la salle d'attente...).
La formation des médecins est souvent proposée en deux temps, avec une soirée d'information sur le cancer colo-rectal et son dépistage, puis un rappel des informations lors du lancement de la campagne et de la remise du matériel. Enfin, la structure de gestion du dépistage est chargée de récupérer les données positives des tests, de s'enquérir de la réalisation de la coloscopie et de ses résultats.
Il est clair que les médecins généralistes et les médecins du travail ont un rôle important à jouer dans ce programme de dépistage, sachant que la moitié au moins de la population concernée doit participer à chaque campagne pour que ce programme ait un impact sur la mortalité. La mobilisation des médecins est donc essentielle pour permettre une baisse significative de la mortalité et donner à ce programme de dépistage toute son efficacité en termes de santé publique.
« D'ores et déjà, commente le Pr J. Faivre, on observe une assez forte mobilisation du corps médical. » Près de 90 % des tests remis par les médecins sont effectués. Ce qui représente un taux majeur d'acceptabilité. Le dépistage est bien accepté par la population, dès lors que le médecin est le premier à en parler. Par la suite, les personnes viennent réclamer le test, mais on peut retenir que c'est au médecin d'en parler le premier lors de la première campagne.
Ensuite, les personnes qui n'ont pas consulté les médecins reçoivent les tests par la poste, mais leur participation reste faible plus (30 %).
D'après un entretien avec le Pr Jean Faivre, président de la Société francophone de cancérologie digestive.
Les départements engagés dans l'opération
- Les 12 premiers départements sollicités pour la première vague du dépistage :
Bouches-du-Rhône, Calvados, Charente, Côte-d'Or, Hérault, Ile-et-Vilaine, Indre-et-Loire,
Isère, Nord, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Seine-St-Denis.
- Les 10 départements de la deuxième vague du dépistage : Allier, Ardennes, Finistère, Marne, Mayenne, Moselle, Orne, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Orientales, Essonne.
A qui s'adresse le dépistage ?
Le dépistage du cancer colo-rectal est fondé sur la recherche de sang dans les selles chez toutes les personnes des deux sexes, âgées de 50 à 75 ans. Sont exclus de ce dépistage les patients à risque, c'est-à-dire ayant un antécédent personnel de polype ou de cancer intestinal, un parent du premier degré ayant eu un cancer digestif avant l'âge de 65 ans ou deux parents atteints, ainsi que les sujets souffrant d'une maladie intestinale inflammatoire chronique sévère et les familles atteintes de cancers génétiques (polypose familiale, syndrome de cancer colique familial sans polypose).
Le déroulement du test
Le test de dépistage colo-rectal se présente sous forme de petites plaquettes sur lesquelles le patient dépose deux fragments d'une selle, et cela sur trois selles consécutives.
Le patient dépose le test dans l'enveloppe T jointe et l'adresse à un des centres de lecture centralisés.
Médecins et patients reçoivent les résultats.
Le test est positif dans moins de 2 % des cas. La positivité amène à prescrire une coloscopie qui révèle l'existence d'un polype dans 30 à 40 % des cas et d'un cancer dans 10 % des cas.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature