AUX ETATS-UNIS, l'amniocentèse est réservée aux femmes de 35 ans et plus*. Cela car, à cet âge, le risque de fausse couche lié à la procédure est approximativement égal à la probabilité de générer un enfant porteur d'une trisomie 21 et que, sur un plan économique, le coût du dépistage est compensé par l'économie réalisée en évitant une naissance anormale.
Selon Ryan Harris et coll., le diagnostic prénatal est rentable quel que soit l'âge de la mère ou quel que soit le niveau de risque. Ils vont même jusqu'à dire : « Les recommandations actuelles devraient être modifiées pour permettre à toutes les femmes enceintes de bénéficier d'un dépistage prénatal et non seulement à celles chez qui le risque de porter un fœtus affecté dépasse un seuil donné » ; modifiées : en mettant en avant le rôle des préférences personnelles dans la prise de décision. L'équipe a voulu tester, une vingtaine d'années plus tard, la validité de la pratique consistant à réaliser un diagnostic invasif, amniocentèse ou biopsie villositaire, en se fondant sur un âge supposé à risque.
Ils ont réalisé une analyse du rapport utilité/coût en incluant des critères plus larges que le seul risque de fausses couches (comme les risques pour les naissances ultérieures après une fausse couche, des éléments socio-économiques, ethniques, etc.). Un pool de 534 femmes enceintes âgées de 16 à 47 ans ont été incluses.
Comparativement à une absence de diagnostic prénatal, une amniocentèse ou une biopsie villositaire coûte moins de 15 dollars par année de qualité de vie gagnée, après ajustements, pour les femmes de tous âges et de tous niveaux de risque. « On ne peut établir aucun seuil d'âge auquel le risque devient soudain plus coûteux que le diagnostic », écrivent-ils. « Les résultats ne dépendent ni de l'âge maternel ni du risque de naissance affectée par une trisomie 21. »
Mais « le rapport utilité/coût pour toute femme dépend de son désir d'être rassurée sur le statut chromosomique de son fœtus et, à un moindre degré, du risque de fausse couche ».
En mesurant la diminution de la qualité de vie chez celles qui n'ont pas eu l'information qu'elles souhaitaient pour être rassurées sur la normalité de l'enfant qu'elles portent, on s'aperçoit que plus ce désir est grand, plus le test est rentable. Autrement dit, plus les femmes sont anxieuses quant à l'évolution de leur grossesse, notamment la normalité de l'enfant, plus les effets secondaires de leur angoisse sont pénalisants et risquent d'être coûteux.
« The Lancet », vol. 363, 24 janvier 2004, pp. 276-282 et commentaire pp. 258-259.
* En France, l'amniocentèse est remboursée au-delà de 38 ans.
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