LES DERMATOLOGUES libéraux qui organisaient depuis sept ans, au mois de mai, une journée de dépistage gratuit et anonyme des cancers de la peau, ont décidé de faire la grève de cette « opération bénévole exemplaire » qui a pourtant permis de sauver « plusieurs centaines de vies ».
Ils protestent en particulier contre la déclinaison conventionnelle de la réforme du médecin traitant qui constitue, selon eux, une menace pour le recours des patients aux soins dermatologiques.
Selon le Syndicat national des dermato-vénérologues (Sndv), ce « frein à l'accès au dermatologue » est « en contradiction flagrante avec les dispositions du plan gouvernemental contre le cancer, qui place au rang des priorités son dépistage précoce ». En clair, même si bon nombre de patients continueront sans doute à consulter directement leur dermatologue, la profession redoute que l'incitation à passer au préalable par le médecin traitant aboutisse dans certains cas à des retards graves de diagnostic des cancers cutanés. « Un naevus peut dégénérer en moins de six mois, explique le
Dr Gérard Rousselet, président du Sndv. Plus on enlève rapidement un mélanome, mieux ça vaut. » Et de rappeler que la fréquence des cancers de la peau, responsables de près de 1 500 décès en France chaque année, augmente de 10 % par an. Le syndicat demande donc une « exception (à la règle du médecin traitant) pour les cancers cutanés », sous la forme d'un accès direct au dermatologue autorisé sans baisse de remboursement.
Injustice.
Le Sndv déplore, dans le même registre, que la nouvelle classification commune des actes médicaux (Ccam technique) « valorise à zéro euro » l'examen minutieux par dermatoscopie d'un patient porteur de naevus suspects, un acte pourtant « essentiel ». « La nomenclature a été pour nous une déception supplémentaire, constate le Dr Rousselet. Cet acte, qui exige un diagnostic très fin, est pour l'instant passé à la trappe au niveau des tarifs. » Une « injustice » que la spécialité compte réparer dans le cadre de la commission de hiérarchisation des actes de la Ccam.
Dans ce contexte « défavorable », le syndicat attire l'attention des pouvoirs publics sur le « danger d'une politique de santé hasardeuse en matière de prévention et de traitement précoce des cancers de la peau ». Sans exclure toutefois de rétablir l'opération de dépistage gratuit en 2006, qui mobilise généralement la moitié des 3 200 dermatologues libéraux. « Nous voulons être pris au sérieux, résume simplement le Dr Rousselet. Pour l'instant, les dermatos sont dégoûtés et découragés car ils se sentent complètement ignorés : nous ne sommes même pas conviés aux réunions sur le plan Cancer. »
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