D ESORMAIS, toutes les femmes ont des chances égales dans la prévention du cancer du sein. Le dépistage, jusqu'alors mis en place dans 32 départements pour les 50-69 ans et qui a concerné 40 % des 6 millions de Françaises visées (1), est étendu à l'ensemble du territoire et élargi aux 70-74 ans. Grâce à cette mesure, annoncée par Bernard Kouchner le 11 juillet, les plus marginalisées vont pouvoir bénéficier de la mammographie de dépistage et, si nécessaire, d'examens complémentaires, avec un rappel tous les deux ans.
Les radiologues, signataires d'un partenariat avec la CNAMTS, sont prêts. Rémunérés 435 F l'acte, pris en charge à 100 % par l'assurance-maladie, ils s'engagent à respecter des règles de qualité (installations, appareillages), à pratiquer au moins 500 examens sénologiques par an et à suivre, comme les manipulateurs avec qui ils travaillent, une formation spécifique (« le Quotidien » du 23 avril).
Un million de mammographies supplémentaires par an
Dans la nouvelle organisation proposée, qui emprunte à l'efficacité des actions évaluées par le passé, le pilotage et les orientations stratégiques sont départementales, sous la responsabilité des services déconcentrés de l'Etat. Conformément à l'avis de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé, les femmes bénéficieront d'une mammographie avec double incidence (2 clichés) et double lecture, voire triple dans les cas les plus difficiles. « C'est une révolution, commente le ministre délégué, qui tient à remercier les radiologues (qui) acceptent en toute transparence que les clichés réalisés soient systématiquement relus pour éviter tout risque d'erreur. » Il reviendra au médecin d'attirer l'attention des patientes sur l'intérêt d'effectuer, tous les deux ans, une mammographie remboursée à 100 %, et de les orienter vers les structures spécialisées. Le dispositif doit permettre de réaliser près d'un million de mammographies en plus chaque année.
Le budget nécessaire est de 390 millions pour 2002 et de 500 millions les années suivantes. « En 2004, si nous atteignons nos objectifs, soit 60 % de taux de participation (référence européenne, NDLR) , 1,4 milliard de francs » sera consacré au programme national, souligne le ministre. Le « défi » est relevé. A Paris, à l'institut Curie, qui reçoit le quart des cancers du sein diagnostiqués dans la capitale, la taille moyenne des tumeurs détectées est passée de 45 mm à 25 mm.
De l'avis de Bernard Kouchner, « toutes le conditions sont réunies, maintenant, pour améliorer encore les performances dans ce domaine ».
Mais « l'acte préventif ne se limite pas à la pratique d'un simple test, mais doit aboutir à l'établissement d'une meilleure relation entre le citoyen, l'usager et le système de soins ». Il faut aussi assurer une éducation sanitaire portant sur l'hygiène de vie, l'alimentation, le tabac ou l'alcool.
Le cancer du sein, qui est la première cause de mortalité chez les femmes (19 % des décès féminins), touchera une Française sur dix en 2001.
* Parmi les femmes concernées, 28 % n'avaient jamais effectué de mammographie et, pour 33 %, la dernière datait de plus de trois ans. Sur 9 443 cancers détectés, 14 % sont des tumeurs malignes in situ et 71 %, sans envahissement ganglionnaire.
Le coût du dépistage
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MammographiesCoût total AM
de dépistageAutres(en MF)
(50-74 ans)mammographies
EffectifsCoût AMEffectifsCoût AM
(milliers)(en MF)(en MF)
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20011 4004101 400430840
.
20021 6708001 4004301 230
20031 9309201 4004301 350
20042 2009201 4003701 300
20052 4601 0301 4003701 400
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A terme2 4601 0301 4003701 400
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