POURQUOI faut-il dépister le cancer bronchique ? Parce qu'il s'agit d'une tumeur très grave qui représente la première cause de mortalité par cancer dans les deux sexes. On estime que la mortalité par cancer bronchique dépasse celles, réunies, du cancer du côlon, de la prostate, du sein et des accidents de la voie publique. La survie à cinq ans est inférieure à 15 % tous stades confondus et son incidence est en forte progression chez les femmes.
Un diagnostic souvent très tardif.
Un tableau d'autant plus alarmant que le diagnostic s'inscrit souvent tardivement dans l'histoire de la maladie : près de la moitié des patients sont alors déjà porteurs de métastases, ce qui explique en partie qu'à peine 20 % des malades peuvent bénéficier d'un traitement réellement curateur. Autant d'arguments pour rechercher la possibilité d'un dépistage plus précoce sous réserve que le test utilisé soit sensible et peu invasif, c'est le cas pour le scanner à faible dose, et qu'il existe des possibilités de traitement.
L'étude Elcap (Early Lung Cancer Action Project) avait déjà apporté des éléments en faveur d'une telle stratégie : parmi les 1 000 sujets âgés de 60 ans et plus, fumeurs ou anciens fumeurs, chez qui un scanner thoracique a été réalisé à titre systématique, 2,7 % avaient déjà un cancer bronchique, opérable dans 96 % des cas.
Cependant, il existe aussi des arguments qui plaident contre l'intérêt d'un tel dépistage car celui-ci pourrait être entaché de biais (de latence, de durée...), sans compter la possibilité de surdiagnostics de tumeurs « dormantes ». En l'absence d'étude comparative, il n'a pas encore été démontré qu'un dépistage ultraprécoce est forcément efficace. L'autre problème est celui de la très grande ou trop grande sensibilité de l'examen : 25 à 50 % des sujets dépistés ont au moins un nodule détecté, nodule qui n'est pas forcément pathologique, mais dont l'annonce est susceptible de déclencher une anxiété majeure chez les patients et qui peut être source d'examens complémentaires invasifs inutiles.
Deux vastes études randomisées.
Quoi qu'il en soit, les connaissances se sont beaucoup améliorées grâce à ces techniques de dépistage. Par exemple, on sait maintenant reconnaître certaines lésions dont le taux de malignité est très élevé. De nouveaux outils ont été développés, comme la volumétrie et le diagnostic assisté par ordinateur. Pour l'instant, on attend surtout avec impatience les résultats de deux vastes études randomisées comparant le scanner à la radiographie pulmonaire. Ceux du National Lung Screening Trial portant sur 50 000 sujets américains sont prévus pour 2009.
En France, les résultats préliminaires d'une étude de faisabilité au protocole similaire, Depiscan*, devraient être publiés dans les mois qui viennent et constituer le tremplin d'un essai de plus grande envergure, GranDepiscan, mené sur 40 000 malades.
D'après la présentation du Dr Marie-Pierre Revel, service de radiologie (pôle européen), hôpital Georges-Pompidou, Paris, lors de la conférence de presse Eurocancer 2005.
* Des informations sont disponibles sur le site www.u444.jussieu.fr/depiscan.
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